Gouvernement de la
Ville Autonome de Buenos Aires
Hôpital Neuro-psychiatrique "José Tiburcio Borda"
Laboratoire de
Recherches Electroneurobiologiques
et Journal
Electroneurobiologie
ISSN:
0328-0446
Diego Alcorta :
Dissertation sur la manie... aiguë?
Eduardo T. Mahieu
Contribution au 6ème
Congrès de l'Association Europeénne pour l'Histoire de la Psychiatrie (EAHP), à
l'Hôpital Sainte-Anne, Paris, le 22 Septembre, 2005; Atelier "Echanges Franco-argentins" (Workshop
"France-Argentina exchanges") organisé par l'Association franco-argentine de psychiatrie et de santé mentale,
Président, Dominique Wintrebert (France); sous presse, Actes du 6ème Congrès EAHP.
.
Correspondencia /
Contact: eduardo.mahieu
[-at–] free.fr
Electroneurobiología vol. 13 (3), pp. 283-298, 2005; URL http://electroneubio.secyt.gov.ar/Diego_Alcorta.htm
____
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Précis: La thèse de Diego Alcorta sur la manie aiguë est la
première en Argentine sur un sujet psychiatrique. Soutenue en 1827, une
quinzaine d'années après la Révolution de Mai et de la naissance de la République
Argentine, elle se situe juste au seuil de l'arrivée de Rosas et de la
Restauration. Diego Alcorta, est étroitement lié à l'épanouissement des
Idéologues en Argentine, et il devient en 1828 le titulaire de la chaire
d'Idéologie de l'université de Buenos Aires. Rien d'étonnant qu'il fasse de
Philippe Pinel la référence principale de sa thèse. Cependant, le sujet qu'il
traite, la "manie aiguë" est tout sauf pinélien : le couple aigu/chronique
ne fait pas partie de ses notions descriptives. Pinel, en bon hippocratique,
maintient l'exclusion du délire aigu et ses avatars de la notion de
manie. La référence de Diego Alcorta à Pinel serait alors essentiellement
philosophique, tandis que sur les aspects spécifiquement cliniques il
semblerait se référer de manière très précoce à Esquirol (qui n'est pas cité
dans la thèse), auteur qui commence discrètement à introduire la notion d'aigu
en tant qu'opposé au chronique, opposition qui ne sera pleinement admise en
psychiatrie que dans la seconde moitié du 19ème siècle.
Introduction:
"Dissertation sur la
manie aiguë", tel est le titre de
la première thèse de médecine sur un sujet psychiatrique dans le Río de la
Plata présentée en 1827, par le jeune Diego Alcorta (1801-1842). Cette
thèse occupe une place importante dans tous les ouvrages traitant des débuts de
la psychiatrie en Argentine (12, 14, 15) . Elle fait
l'objet de travaux de Juan Carlos Stagnaro (25) et Norberto Conti (8), que nous
utilisons largement. Mais c'est un texte qui supporte bien la discipline du
commentaire, et celui que nous proposons ici cherche à porter son attention sur
un détail : l'association dans le titre de la thèse du grec mania (note 1) et du latin aigu.
Car la thèse d'Alcorta est associée de bon droit au nom de Philippe Pinel
(1745-1826), mais que ce dernier n'a jamais parlé d'une telle variété de la manie.
Et explorer cette question nous ouvre sur une perspective plutôt insolite qui
renverse les liens faits habituellement entre Alcorta et Pinel. La
particularité du titre laisse transparaître dans ce surgissement de Pinel en
terre américaine quelque chose de l'image que Alejo Carpentier forge dans Le
Siècle des Lumières sur l'arrivée de la révolution aux colonies : "...avec
la liberté arrivait la guillotine"(7). Avec la thèse d'Alcorta, la manie
de Pinel arrive en Argentine déjà guillotinée.
Dr Diego Alcorta
Alcorta rend hommage au "mythe du
philanthrope libérateur", mais on ne peut pas manquer d'être frappés par
le ton désinvolte avec lequel il critique les idées principales de Pinel. Mise
à part la citation contingente de Greding et Perfect, seul Pinel mérite une
citation digne de ce nom, probablement en raison de son rapport avec les Idéologues
alors très influents en Argentine (note 2). La thèse présente cette curiosité de masquer ses références principales
derrière un anonyme "tous les
auteurs..." avec lequel Alcorta se livre à une
critique en règle de Pinel. Bref, les auteurs qui comptent dans son texte ne
sont pas nommément cités. Alcorta s'appuie sur des notions critiques que ces
auteurs de l'Ecole de médecine de Paris ont adressé à Pinel (1), et qui
ont le destin liés aux moments politiques introduits par la Révolution
française et les réactions qu'elle a suscité, en France et au Río de la Plata
(13). Alcorta indique qu'il veut donner dans sa thèse
"l'état
actuel de la connaissance médicale sur ce point important de la pathologie",
ce qui implique tenir compte de ses changements. Mais il
fait plus que cela : il prend position. Ainsi, suivre la perspective
ouverte par la particularité du titre "manie aiguë", nous conduit à
découvrir que les 14 folios de la thèse constituent un dur argumentaire
anti-pinélien, auteur deux fois mort en 1827.
1813-1827
: L'ecole de Paris au Rio de la Plata
Alcorta n'est pas le premier à évoquer
les idées de Pinel au Río de la Plata. Celles-ci arrivent accompagnant les
Lumières en Amérique, car le nom de Pinel est indissociable de la Révolution et
son rayonnement. Sa nomination à Bicêtre en 1793 en pleine Terreur, ou bien son
Mémoire sur la manie de 1794, ou enfin le Traité de l'Aliénation
Mentale ou la Manie de l'An IX, ces événements sont portés et portent
l'esprit universel de ce radical bouleversement des rapports sociaux. L'hommage
que lui rend Hegel est bien connu : Pinel est le représentant des Lumières dans
le domaine de la folie. Ainsi, ses liens avec le Río de la Plata sont tissés
par l'histoire de la Révolution Française et ses variations sud-américaines.
Mais, même si les révolutions française et argentine se suivent, elles ne se
ressemblent pas. Les temps et contretemps de la Révolution en Amérique relèvent
parfois des rencontres heureuses et parfois du malentendu baroque. Un peu comme
la manie de Pinel et la manie aiguë d'Alcorta.
La Révolution du 25 Mai 1810 est
thermidorienne d'emblée. Elle est le fait de quelques "voisins qui
comptent" à Buenos Aires, contrariés par les conséquences néfastes des
entraves au libre commerce dues aux guerres napoléoniennes. A différence des
événements parisiens, le peuple reste indifférent à cette révolution de
l'opinion éclairée. Profitant de la présence de Napoléon en Espagne, ces
notables prennent des distances vis-à-vis de la métropole. Un groupe conservateur
souhaite attendre l'issue de l'aventure ibérique napoléonienne pour se
déterminer. Mais une partie modérément révolutionnaire, los afrancesados jacobinos,
groupée en loges maçonniques dont le siège central est à Londres, essaye de
faire advenir en Amérique quelques unes des lumières de la Révolution. Ils y
parviennent à l'occasion de l'Assemblée constituante de l'An XIII, qui
introduit le bonnet phrygien dans les symboles des Provinces Unies du Río de
la Plata, ainsi que d'autres idées de liberté, égalité et fraternité. Avec
ce tournant des événements, un espace s'ouvre pour l'œuvre de Pinel.
Le sceau
de l'Assemblée constituante de l'An
XIII
La guerre déclenchée entre
révolutionnaires et réaction royaliste entraîne la nécessité urgente de former
des médecins pour les campagnes militaires. L'Assemblée demande au
Docteur Cosme Mariano Argerich (note 3) (1758-1820) de créer l'Institut Médical Militaire, qui dans l'article
7 de son réglementent de 1818 statue que l'enseignement doit se régler sur les
idées de la célèbre Ecole de médecine de Paris (note 4), en remplacement des enseignements
considérés réactionnaires de l'école écossaise (William Cullen) et quelques
auteurs espagnols qui forment l'essentiel des orientations du Protomedicato (note 5).
A la mort de Cosme Mariano Argerich en
1820, dans l'inventaire de sa bibliothèque figurent répertoriés en langue
française deux ouvrages : "Medicina
clínica" et "De la
locura" (sic) (4).
C'est autant le Professeur Pinel, célèbre interniste et nosographiste de l'Ecole
de Paris que l'aliéniste philanthrope qui inspirent son enseignement. Dans
un article publié en 1822 par la revue La Abeja Argentina "Origines
et état actuel de la médecine à Buenos Aires" (note 6) est prononcé un véritable manifeste
pour la future Ecole de médecine du Río de la Plata :
"Les idées de Magendie, de Bichat, Richerand,
Alibert, de Pinel, Ténard, Orfila, etc. sont la base de nos cours et de nos
leçons quotidiennes" (17).
Le programme de cette école naissante nous rappelle
qu'en ce début du 19ème siècle, l'étude de l'aliénation est l'affaire de
l'interniste aussi bien que la fièvre, et que le psychiatre ne se différencie
pas de l'interniste. Avec l'essor de l'Ecole de Paris, certaines notions
de Pinel circulent aisément. Ainsi en 1822, en pleine réforme ecclésiastique,
une expertise médicale fait beaucoup de bruit : le cas de la religieuse folle
Vicenta Alvarez. La commission d'experts (note 7) nommée par les législateurs demande la sortie de
la nonne du Monastère des Catalinas, car l'enfermement et les mauvais
traitements qu'elle y reçoit ne sont pas de nature à guérir sa "manie
périodique avec délire". Ils concluent :
"A une époque à laquelle [...] les maladies de
l'esprit ont été étudiées philosophiquement [...] le seul traitement capable de
guérir la malade [...] est le traitement moral" (15).
Associées à l'essor modernisateur, les notions
pinéliennes se prêtent à leur usage comme une arme politique.
En 1822, la toute nouvelle faculté de
médecine de l'Université de Buenos Aires remplace l'Institut Médical Militaire,
héritant de son inspiration parisienne. Diego Alcorta est un des premiers
promus. Il fait sa pratique à l'Hospital
General de Hombres de Buenos Aires, doté d'une "section de fous"
(cuadro de dementes) dont la description qui nous est parvenu (5) fait
pâlir celle que Pinel donne en 1794 du Bicêtre de l'Ancien Régime. Après avoir
soutenu sa thèse en 1827, il succède à Juan Manuel Fernández Agüero (Santander
1772-Buenos Aires 1840) dans la chaire d'Idéologie où il continue son
travail intellectuel de diffusion des théories des Idéologues Condillac,
Destutt de Tracy et, surtout, le médecin Pierre Cabanis (1757-1808). Comme lui,
Alcorta tente une carrière politique, aidé de tout son prestige d'idéologue,
mais il se trouve au seuil d'une longue et sanglante période historique de
guerres civiles qui renversera le préséance des idées
françaises.
Hospital General de Hombres,
précurseur de l'Hôpital Borda
Un
oxymoron : La manie aiguë de 1827
Arrêtons nous sur le titre de la thèse
qui lui vaut son titre de docteur, car il signale déjà la rupture avec Pinel.
De quelle rupture s'agit-il ici? Comme l'a si bien noté Georges Lantéri-Laura
(18), Pinel n'utilise pratiquement pas de manière systématique les termes aigu ou chronique dans ses écrits sur l'aliénation
mentale. A sa place nous retrouvons les bons vieux termes de continu, périodique ou intermittent pour décrire la marche de la manie. Ce n'est pas qu'il
les ignore, car c'est lui qui écrit dans le Dictionnaire des sciences
médicales de Panckoucke en 1812 et 1813 les articles correspondant à ces
deux termes (9). Cette lecture montre aisément que pour Pinel manie et aigu
sont radicalement hétérogènes. Et cela en vertu d'une tradition qui remonte jusqu'à
Hippocrate. Pinel est un des derniers à lire Hippocrate et les Anciens comme
s'ils étaient contemporains, et depuis l'antiquité phrénitis et mania sont deux formes absolument non
homogènes. Phrénitis désigne délire avec fièvre aiguë, et pour Hippocrate
aigu, oxeon, aigre, est porteur d'un
pronostic : ce qui tourne vinaigre, ce qui devient mortel (note 8) (16). Pinel respecte cette distinction
deux fois millénaire et il range la phrénitis dans la classe des Phlegmasies, autrement dit parmi les maladies aiguës et
inflammatoires. Il répète ainsi Hippocrate dans un geste fondateur qui lui
permettra de donner unité et universalité à la notion de manie en tant
qu'aliénation mentale par excellence, comme nous le verrons plus loin.
Il a été discuté l'étendue et la
signification à donner au terme "philosophique" dans la pensée de
Pinel. Pour Dora Weiner (26), cela veut dire : hippocratisme. Jackie Pigeaud
(21) va même jusqu'à comparer la Médecine clinique de Pinel aux Epidémies
du Corpus, et la Salpêtrière à Thasos. L'attachement de Pinel à la
tradition hippocratique est confirmé par son adhésion inconditionnelle à la médecine expectante(note 9), médecine d'observation confiante dans
la vis medicatrix naturae, et qui constitue un des piliers sur
lequel s'appuie solidement sa thérapeutique ainsi que sa certitude dans la possibilité
de guérison de la manie. C'est une construction délicate qui incorpore le
savoir de l'antiquité aux conditions d'observation de la folie crées par la
modernité, l'asile, ainsi que l'annexion des doctrines philosophiques de la
passion à la médecine, et qui mérite bien le qualificatif de médico-philosophique
(21). Cet hippocratisme est combattu avec violence par les médecins modernes
post-pinéliens (1) qui le rejettent dans l'histoire. L'originalité de la notion
de manie introduite par Pinel est désarticulée par des approches de moins en
moins philosophiques et de plus en plus médicales, mouvement auquel participe
Diego Alcorta en compagnie de ses contemporains français.
Dr, Philippe Pinel (l745-l826).
La
révolution de la manie : genre et espèce
Contrairement à ce que laisse entendre
Alcorta, manie et aigu sont incompatibles pour Pinel. Le statut
problématique de la manie chez Pinel a été signalé très tôt par Leuret, Ferrus
ou Guilland, et parfois par les propres hésitations de Pinel (note 10) (21). Pigeaud remarque que coexistent
chez Pinel deux concepts de manie. L'un, assez classique : une espèce à côté de
la mélancolie, la démence et l'idiotisme. L'autre, né du moment utopique de la
Révolution et de la première édition du Traité, constitue une nouveauté
: la manie est à la fois l'espèce et le genre. Cela correspond à la structure
de la surdétermination que ne renierait pas Louis Althusser :
un particulier paradoxal qui fait partie de la structure, mais qui structure du
même coup la totalité (27) ; la partie qui occupe la place de l'universel et
surdétermine les autres parties. Comme dans le Capital : dans la série
production, distribution, échange et consommation, c'est la production qui
surdétermine les autres. Et on ne peut pas modifier ce statut paradoxal sans
désarticuler la totalité. Chez Pinel, tout ce qui peut être dit de la manie
fonctionne dans les autres espèces. C'est avec d'autres termes, ce qu'affirme
Georges Lantéri-Laura (19, 20) : l'unité de l'aliénation mentale ou la manie
en tant qu'entité, avec le traitement correspondant, le traitement moral. Et
cette nouveauté s'annonce dans les termes du Zeitgeist comme un projet
d'avenir illimité et à vocation universaliste. Mais ce particulier universel se
fonde sur l'exclusion d'un reste : le delirium acutum, la phrénitis
ou phrénésie qui dans la Nosographie philosophique est classé en
dehors des Vésanies, et définie comme étant de nature organique cérébrale,
une phlegmasie séreuse, par essence hétérogène à la manie.
Pinel,
Esquirol et Alcorta
Lorsque Alcorta se propose de
prêter
"une attention particulière
[...] sur la variété aiguë",
il fait éclater la notion pinélienne dans ses principes.
Les Anciens sont rejetés dans l'histoire, sinon tout simplement ignorés.
Alcorta n'est pas l'inventeur de ce qui peut apparaître comme un oxymoron pour
la pensée pinélienne : il suit Jean-Etienne-Dominique Esquirol (1772-1840),
aliéniste qu'il préfère à Pinel. Pour Dora Weiner (26), Esquirol est plus qu'un
élève de Pinel, il est aussi un rival qui sort vainqueur de ce qu'elle appelle
"la joute du vocabulaire". Ils sont opposés aussi par des traditions
politiques différentes : alors que Pinel reste associé à l'utopie de la
révolution, Esquirol est monarchiste. Avec les changements politiques
post-révolutionnaires en France, Pinel est progressivement relégué (note 11) alors qu'Esquirol
devient le centre de l'organisation nationale du monde asilaire avec la Restauration
(11). A partir de 1817, Esquirol est au zénith en ce qui concerne la folie et
il supplante de plus en plus son vocabulaire à celui de Pinel (26). Esquirol ne
s'embarrasse pas de finesses hippocratiques démodées et l'heure n'est plus à la
vocation universaliste de guérir la manie en tant que problème de l'homme, mais
d'administrer une folie qui est devenue un problème national.
La simplicité avec laquelle Alcorta
définit les trois périodes de la marche de la manie, doit beaucoup plus à
l'article d'Esquirol de 1816 Sur la folie, qu'aux méandres de la
deuxième édition du Traité de l'Aliénation mentale, ouvrage dont il
traduit et reproduit certains paragraphes (10). L'affirmation d'Alcorta que la
manie
"a trois périodes
différents et peut affecter la marche aiguë ou chronique",
suit celle d'Esquirol de 1816, pour qui la folie (et non plus
la manie) a
"une marche régulière [...], trois périodes bien
marquées ; une première période aiguë avec symptômes concomitants, une seconde
période chronique presque toujours exempte de symptômes étrangers au délire;
enfin la troisième période est celle du déclin et de la curation".
Esquirol non seulement supplante le terme d'aliénation
mentale soigneusement choisi par Pinel, mais il affuble la première période
de la dénomination d'aiguë, d'où Alcorta tient certainement son titre.
Là où Pinel insiste pour ne voir qu'une
simple analogie, "les apparences
d'une maladie aiguë", Esquirol,
puis Alcorta établissent une sorte d'identité : la manie peut être aiguë.
D'ailleurs, Esquirol parle de la folie "comme dans toutes les autres maladies aiguës". La notion d'aigu ainsi importée dans
le champ de la manie impliquera progressivement une médicalisation croissante
de la folie, et le couple aigu/chronique, changeant complètement leur champ
sémantique, ne fait que s'imposer inexorablement tout au long du XIX siècle
jusqu'à nous jours (note 12). La puissante influence d'Esquirol sur Alcorta transparaît aussi de
manière évidente dans la partie consacrée aux causes de la manie aiguë : il paraphrase
mot par mot le titre de la thèse d'Esquriol de 1805 :
"les passions comme causes,
symptômes et moyens curatifs de la manie".
L'influence d'Esquirol dans le travail d'Alcorta
répond autant à ses choix doctrinaires qu'à un certain moment politique : en
1827 le déclin du prestige de Pinel à L'Ecole de Paris accompagne celui
de la Révolution, et Esquirol n'est pas le seul à prendre de la distance avec
Pinel.
Dr Jean-Etienne-Dominique
Esquirol
Francois
Broussais et la médecine expectante
La manie aiguë de la thèse
d'Alcorta non seulement fait voler en éclats la difficile unité du Traité;
c'est aussi la Nosographie philosophique qui est battue en brèche. En
1827, la Nosographie philosophique n'est plus à la mode. François Broussais
(1772-1838), auteur qui après avoir conquis l'Ecole de Paris, étend son
influence en terres américaines (note 13), est un des plus farouches détracteurs de la Nosographie de Pinel
et de sa théorie des fièvres:
" A cause de Broussais, la Nosographie de Pinel
avait, en l'espace de dix ans, veilli d'un siècle"
dit-on quelques années après dans le Dictionnaire de
Dechambre (1). Il est l'interniste chez qui Alcorta recueille les théories
pathologiques qui lui permettent d'approfondir ses différences avec Pinel. La
présence insolente de Broussais dans la thèse se fait sentir en détriment de
Pinel lorsque Alcorta écrit:
"Dans la manie, tous les auteurs abordent comme
symptômes prodromiques les symptômes de la gastro-entérite",
juste avant de retranscrire sa traduction d'un paragraphe
complet du Traité de l'aliénation mentale de 1809. Cette association
résonne comme une hérésie : la "gastro-entérite" est l'entité décrite
par Broussais, qui nie l'existence des maladies spécifiques. Le monisme de la
"gastro-entérite" est pour le breton la seule affection qui mérite
d'être traitée, la maladie universelle (1) qui jette aux oubliettes toute la complexité
historique du rôle de la "métaphore épigastique" (21) dans la manie.
L'adhésion d'Alcorta aux idées du
médecin militaire, alors très populaire parmi les jeunes étudiants parisiens (note 14), est plus globale. Elle se montre
lorsqu'il aborde les aspects thérapeutiques, utilisant un ton hostile pour se
référer à un des piliers de l'art médical de Pinel :
"tout indique que
le médecin ne doit pas être le spectateur froid des désordres qu'il observe et
que la médecine expectante ne doit pas avoir lieu à cette période".
Il n'y a pas de détracteur plus féroce de la vis
medicatrix naturae que Broussais, partisan d'une thérapie douée d'un tel fighting
spirit qu'on dit de lui qu'il a fait couler plus de sang que Napoléon.
Opinion illustrée par les importations de sangsues en France, qui vers 1827
sont multipliées de manière inouïe (1). Alcorta dans sa thèse fait siens les
principaux arguments thérapeutiques de Broussais, opposés point par point à
ceux que Pinel introduit pour la manie: isolement, obscurité, régime, saignées
généralisées, et sangsues (note 15).
Remarquons qu'il lui est bien plus facile d'appliquer ce programme, déjà en
place au Cuadro de dementes à l'Hôpital général d'hommes (15), que de
suivre la sophistication que Pinel propose pour le traitement moral de la manie.
Autopsies
: Greding et Cabanis
C'est aussi sur une autre question
d'importance qu'Alcorta se montre très critique de Pinel : l'ouverture de
corps. D'abord, il fait l'éloge de Greding en son détriment :
"Combien Pinel n'aurait-il pas fait avancer ce point
de la pathologie s'il aurait pratiqué l'anatomie-pathologique!",
s'exclame Alcorta en écho aux reproches que Pierre Cabanis adresse
sur ce point à son ami aliéniste dans ses Rapports du physique et du moral.
"Peut-être ses différentes espèces ne seraient que
différentes variations d'une même affection".
Ce paragraphe, qui aurait sans doute irrité Pinel,
semble faire référence à l'irritation de Broussais, maladie universelle
avec laquelle celui-ci réduit l'origine de bien de maladies, aliénation mentale
comprise. Ce qui semble négligé ici est le fait que le choix de Pinel est
axiomatique et argumenté. D'un côté, la manie de Pinel est par essence
guérissable, et il se propose encore dans la 2ème édition du Traité de
lutter contre un des "préjugés les plus funestes de l'humanité",
celui d'une lésion anatomique dans le cerveau, cause pour lui de l'idée d'un
mal incurable. Et d'un autre côté, il préconise dans la Nosographie philosophique
une
"étroite union, dépendance
réciproque entre la philosophie moral et la médecine [...]. Se rendre autant
familier avec les écrits d'Epictète, de Platon, de Sénèque, de Plutarque,
qu'avec les résultats lumineux de l'observation d'Hippocrate, Arétée, Sydenham".
Ni la question du siège, ni celle de la causalité
ne sont pas essentielles pour Pinel. Comme le signale J. Pigeaud, ce qui
l'intéresse tient à "l'évolution de la maladie considérée comme une
entité, telle qu'elle peut apparaître dans l'histoire particulière des malades"
(21). Sur ce terrain, Pinel a été vite abandonné par Esquirol qui pratique
régulièrement l'ouverture des corps (11, 26). Plus tard, c'est l'ensemble de
l'Ecole de Paris qui est gagnée par la méthode anatomo-pathologique que préconise
Alcorta dans sa thèse suivant les opposants de Pinel, internistes et aliénistes
confondus. La Nosographie, le Traité et la Médecine clinique
sont ainsi rejetés par Alcorta.
La manie de Pinel est prise en tenaille
et l'ensemble de son édifice est dépecé. D'un côté, la médicalisation
croissante de la folie poussée par une obsession de la localisation cérébrale
et d'un activisme thérapeutique agressif, balaye ses idées thérapeutiques
révolutionnaires empreintes d'humanitas et de prudence. D'un autre côté,
les idées de gouvernance administrative du peuple des aliénés, "la réinscription de la perspective thérapeutique au
cœur du pouvoir gestionnaire" selon l'expression de G. Swain et M.
Gauchet (11), que Esquirol et d'autres ont contribué à forger, déplacent le
dialogue personnel avec l'insensé tant loué par Hegel. Alcorta se situe au
seuil de cette véritable contre-révolution, mais sa thèse ne constituera pas le
document princeps d'un mouvement aliéniste en Argentine à cause d'une autre
contre-révolution : la Restauration de Rosas.
Brigadier Général d. Juan Manuel de Rosas
Alcorta
et la Restauration
On peut imaginer qu'Alcorta est promis à
devenir l'Esquirol du Río de la Plata, tel le Dr. Real, personnage du
roman de Juan José Saer sur la fondation de la première "Maison de santé
privée" en Amérique du sud (23). Il tente comme P. Cabanis une brève
carrière politique et rédige une constitution, mais la Restauration change
complètement la situation.
S'installe en Argentine la Terreur. Les
masses populaires, les laissés pour compte de la Révolution de Mai, deviennent
les nouveaux sujets d'un Maître Ancien, Rosas le Restaurateur de l'Ordre,
et ils vont s'interposer aux idées inspirées de la Révolution française au nom
de la Sainte Fédération. Domingo F. Sarmiento (1811-1888) y voit une guerre
contre une France idéale (note 16). Dans un élan de privatisation précoce, Rosas fait cesser tous les crédits
publics pour les hôpitaux, écoles et universités, laissant ces institutions à
la charité privée.
"Les fous sont jetés à la rue et les voisins se
chargent d'enfermer dans leur maisons ces malheureux dangereux"
dit Sarmiento (24). Seuls "le Dr Alcorta et autres
jeunes donnent des cours gratuits à l'université" (24) pour éviter sa
fermeture, se lamente Sarmiento. Par une ironie de l'histoire, c'est le
monarque restauré Louis-Philippe qui s'allie aux anciens révolutionnaires, los
afrancesados jacobinos devenus unitarios et constitutionnalistes, et
il impose un blocus au port de Buenos Aires pour la sauvegarde de ses intérêts
commerciaux. Ceci rend l'inspiration française de certains intellectuels
argentins leur menace principale. Dans ce contexte, le temps de l'Ecole de
Paris au Rio de la Plata et celui de la carrière d'aliéniste d'Alcorta sont terminés.
Conclusion
Trois reproches sont adressés à Alcorta
par sa postérité. Son manque d'originalité, le manque d'une suite à sa thèse,
et le fait d'avoir survécu à Rosas. Ces trois
reproches nous semblent injustes. Alcorta est un homme prudent qui sait que les
idées peuvent faire perdre la tête et il fait preuve dans sa thèse d'une grande
modération et éclectisme. Il continue, malgré la Restauration, à soutenir ses
idées dans la chaire d'Idéologie, dont nous sont
parvenues quelques leçons (3). Il continue à exercer la médecine en ville, mais
désormais c'est son camarade de promotion Martín García qui s'occupe du Cuadro
de dementes.
Sa thèse reste un document indépassable
pour celui qui veut comprendre de quelle manière les Lumières, et plus
particulièrement les idées des Lumières sur la folie ont commencé à faire leur
chemin en Argentine. Ce sont les débuts d'une longue histoire de liens
franco-argentins dans ce domaine. L'originalité de sa thèse est de nous léguer
un travail dans lequel on peut lire encore la vitalité et la turbulence des
débats de son temps autour de la folie, la réceptivité précoce dans le Río
de la Plata des idées en provenance de l'Ecole de Paris ainsi qu'une
grande liberté dans leur utilisation, faits qui caractérisent encore
aujourd'hui la pensée argentine dans ce domaine. Last but not least, il
laisse une trace vivante, un portrait en négatif où nous pouvons saisir
l'originalité de la manie de Pinel, de la même manière que la longue nuit de
vingt-cinq ans de Restauration - une telle force de la négativité qui aurait
même laissé Hegel confus (28)- a creusé en négatif les contours de l'Argentine
rêvée par les afrancesados jacobinos. A sa fin en 1853, la toute nouvelle
nation peut accueillir à nouveau les idées en provenance de la France et la
réforme de l'assistance aux aliénés peut commencer.
BIBLIOGRAPHIE
1) ACKERKNECHT, Erwin, La
médecine hospitalière à Paris, Paris, Payot, 1986.
2) ALCORTA, Diego, Disertación
sobre la manía aguda (1827), Revista argentina de psiquiatría Vértex,
Vol I, N° 1, Agosto 1990, pp. 60-63.
3) ALCORTA, Diego, Lecciones
de filosofía, Buenos Aires, Fondo nacional de las artes, 2001.
4) AGUERO, Abel; La
introducción de las ideas de Pinel en la Argentina, Todo es Historia,
N°246, Diciembre de 1987, pp. 76-96.
5) BALBO, Eduardo,
Introduction, Dissertation on acute mania by Diego Alcorta, History of psychiatry,
II (1991), pp. 207-217.
6) BUZZI, Alfredo, PERGOLA,
Federico, Diego Alcorta (1801-1842) Médico, Psiquiatra y Filósofo, in Clásicos
Argentinos de Medicina y Cirugía, Buenos Aires, López Ediciones, 1993.
7) CARPENTIER, Alejo, Le
Siècle des lumières, Folio, Paris, Gallimard, 1997.
8) CONTI, Norberto, Juan Manuel
Fernández de Agüero y Diego Alcorta : Ideología y locura en el Río de la Plata,
Temas de Historia de la psiquiatría argentina, N° 2, 1997, pp. 3-47.
9) DICTIONNAIRE DES SCIENCES
MÉDICALES, Charles-Louis Panckoucke, Paris, 1812-1822.
10) GARRABE, Jean; WEINER,
Dora, Prologue, in PINEL, Philippe, Traité médico-philosophique sur l'aliéntation
mentale, 2ème édition, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, Le Seuil,
2005.
11) GAUCHET, Marcel; SWAIN,
Gladys, La pratique de l'esprit humain. L'institution asilaire et la révolution
démocratique, NRF, Gallimard, 1980.
12) GUERRINO, Antonio, La
psiquiatría argentina, Buenos Aires, Editores Cuatro, 1982.
13) HOBSBAWM, Eric, L'ère
des révolutions (1969), Pluriel, Paris, Hachette, 2002.
14) INGENIEROS, José, La
evolución de las ideas argentinas, Libro I, La revolución, (1918), Buenos Aires,
Editorial Problemas, 1946.
15) INGENIEROS, José, La
locura en Argentina ,
1ra edición, Buenos Aires, Buenos Aires, Cooperativa Editorial Limitada, 1920.
16) JOUANNA, Jacques, Hippocrate,
Paris, Fayard, 1992.
17) LA ABEJA ARGENTINA,
Origen y Estado de la Medicina en Buenos Aires, 15 de abril de 1822.
18) LANTERI-LAURA, Georges, La
chronicité en psychiatrie, Les Empêcheurs de penser en rond, Institut
Synthélabo, Le Plessis-Robinson, 1997.
19) LANTERI-LAURA, Georges, Psychiatrie
et connaissance, Paris, Sciences en situation, 1991.
20) LANTERI-LAURA Georges, Essai
sur les paradigmes de la psychiatrie moderne, Paris, Editions du Temps,
1998.
21) PIGEAUD, Jackie, Aux
portes de la psychiatrie. Pinel, l'Ancien et le Moderne, Paris, Aubier,
2001.
22) PIGEAUD, Jackie, La
réflexion de Celse sur la folie, Psychiatrie française, Vol XIII, N° 3,
décembre 2001.
23) SAER, José, Les nuages,
Paris, Seuil, 1999.
24) SARMIENTO, Domingo F., Facundo.
Civilización y barbarie (1845), Madrid, Alianza Editorial, 1988.
25) STAGNARO, Juan Carlos,
Diego Alcorta y la manía aguda : preliminares de la psiquiatría argentina, Revista
argentina de psiquiatría Vértex, Vol I, N° 1, Agosto 1990, pp. 57-63.
26) WEINER, Dora, Comprendre
et soigner, Philippe Pinel (1745-1826). La médecine de l'esprit, Paris,
Fayard, 1999.
27) ZIZEK, Slavoj, Le plus
sublime des hystériques. Hegel passe, Paris, Points Hors Ligne, 1988.
28) ZIZEK, Slavoj, Tarrying
withe the negative. Kant, Hegel and the Critique of ideology, Duke University
Press, Durham, 1993.
1) La manie dont on
parle ici n'a rien à voir avec son pendant contemporain. Chez Pinel elle garde
son sens antique de "folie" en général.
2)
L'impact politique des idées des Idéologues (14) se révèle dans l'échange de
correspondance que Destutt de Tracy a entretenue avec Bernardino Rivadavia (8)
premier président en 1826 de la désormais République Argentine. Par ailleurs,
il faut noter que Condillac, Destutt de Tracy, Cabanis et Pinel sont idéologues
dans le même sens que Barthes, Foucault, Althusser ou Lacan sont
structuralistes. Des profondes divisions et luttes internes les séparent
derrière la dénomination commune et nous remarquons qu'Alcorta a ses
préférences pour les adversaires de Pinel.
3)
Fils de Francisco Argerich, d'origine catalane, installé dans le Vice-royaume
du Río de la Plata depuis 1755 et qui participe en tant que médecin
militaire à l'écrasement de la révolte de Tupac Amaru II en 1871 (LITVACHKES
Roberto, Historia del Hospital Argerich, 1904-2004, Editorial Turísticas,
2005).
4)
Crée par une loi de la Convention le 14 Frimaire de l'an III (4 décembre 1794)
(1).
5)
Institution crée en 1778 par le Vice-roy Juan José de Vértiz, qui nomme à sa
tête le médecin irlandais M. Gorman, pour réguler l'état de la médecine au Río
de la Plata. C'est le même Vértiz qui un an auparavant décrète le renfermement
des mendiants et indigents de la voie publique, parmi lesquels, ici comme
ailleurs, beaucoup de malades mentaux (15).
6)
Attribué à Cosme Francisco Argerich (né à Barcelone en 1784, décédé en 1842 à
Montevidéo), fils de Cosme Mariano, camarade de Diego Alcorta et titulaire de
la chaire de "Nosographie" en 1822.
7)
Composée de trois médecins, le préfet de médecine Juan Antonio Fernández, le
médecin de la police Pedro Rojas, le médecin du monastère Matías Rivero et le
gouverneur de l'Evêché.
8)
Les gestes crocydismos et carphologie qui accompagnent le délire
avec fièvre aiguë sont signes annonciateurs de la mort (22).
9)
Médecine faite de prudence, de méfiance envers la polypharmacie et les
"médications héroïques", et en même temps faite d'optimisme dans les
ressources de la Nature (21).
10)
Jackie Pigeaud (21) rapporte la surprise de Galien lorsqu'il retrouve accidentellement
dans les Epidémies d'Hippocrate le verbe eksemanè (verbe qui
désigne par son radical même la mania) associé à celui de phrénitis;
deux mots qui ne devraient jamais se retrouver ensemble. De même, il est
possible de lire dans la plume de Pinel dans la 4ème édition de la Nosographie
philosophique l'utilisation presque accidentelle de "manie
aigue" pour désigner la première période de la manie. Ceci ne fait que
renforcer par contraste sa volonté d'exclure cette expression dans ses ouvrages
doctrinaires sur le sujet, car dans la 2ème édition du Traité, écrite
après la 4ème édition de la Nosographie, il n'y a pas de trace de la
manie aiguë. Nous disons que c'est une manie aiguë accidentelle...
11)
Le vieux Pinel fait les frais de cette association lorsqu'en 1822 il est exclu
de la faculté de médecine par la Restauration.
12) "Les
anciens et presque tous les modernes ont classé la manie parmi les maladies
chroniques; sa durée est très variable : on a vu des accès ne durer que
vingt-quatre heures; mais alors on doit craindre un accès plus ou moins
prochain [...] Quelquefois la manie dure pendant plusieurs jours; le plus
souvent elle persiste pendant plusieurs mois, pendant un an; pendant plusieurs
années. La manie est, comme toutes les autres maladies aiguës, intermittente ou
rémittente. La manie aiguë est continue; nous venons de voir sa marche. La
manie rémittente ne diffère de la continue que parce que le désordre des idées
et des actions offre des rémissions très marquées, dont la durée est très
variable". Ce paragraphe du texte d'Esquirol De la Manie de
1816 suffit à montrer l'hésitation, la complexité et les glissements
sémantiques à venir dans la paire terminologie aiguë/chronique en tant qu'indicateurs
d'évolution.
13)
La "médecine physiologique" de F. Broussais a inspiré les programmes
d'étude de la première faculté de médecine en Grande Colombie en 1827 (MIRANDA
CANAL, Néstor, La medicina en Colombia, De la influencia francesa a la
norteamericana, Revista Credencial Historia, 29 Mayo de 1992)
14)
Même Scipion Pinel est alors un adepte de Broussais.
15)
La particularité des applications des sangsues n'est pas non plus une
originalité d'Alcorta: l'anus et le vagin son aussi recommandés par Esquirol.
16)
Qu'il distingue de celle qu'impose à la même époque un blocus au port de Buenos
Aires, "la France réelle" selon Sarmiento (24).
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