Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires
Hôpital Neuro-psychiatrique "Dr. José Tiburcio Borda"
Laboratoire de Recherches Electroneurobiologiques
et
Journal
Electroneurobiologie
ISSN: 0328-0446
par
Electroneurobiología 2002;
10 (2), pp. 45-60; URL < http://electroneubio.secyt.gov.ar/index2.html/ >
Vox Latina 10/10/2002 < http://www.voxlatina.com/vox_dsp2.php3?art=1592&page_article=1&dossier=
>;
Revue Etho-logique (vendredi 7 Mai 2004), < http://journal.ethologie.levillage.org/article.php3?id_article=13 >; L’Agora (Montréal), à paraître
Copyright
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Sommaire (de Vox Latina) : Buenos Aires, 10/10/2002 - La globalisation
par le contrôle des esprits? Une certaine "science" contemporaine
anglo-saxonne, couverte d’honneurs, tendrait à vouloir nous faire accroire que
la "personne" qu’est chacun de nous serait réductible à l’ingénierie
de son propre corps… L’auteur, neurobiologiste à Buenos Aires, nous adresse ici
une précieuse contribution où elle met en exergue le caractère éminemment
idéologique de cette vision du monde. Un monde de "l’ultrahistoire"
où la chosification des êtres apparaît comme un "psychovirus" destiné
à nous désarmer mentalement, afin de nous faire accepter la marchandisation des
choses... et des êtres.
___________
« Les
idées pénètrent les neurones » ?
Dans
une tribune libre[1], un auteur français à Reims nous livre sa opinion qui
débute ainsi : « L’idée commence de pénétrer les neurones de nos
responsables, que nous deviendrions rapidement des sous-développés mentaux et
des exclus de l’histoire en train de se faire, si nous poursuivions notre
politique de mise à l’écart de toutes ces langues au bénéfice de la seule
langue que cherche à nous imposer Bruxelles. Notre vision du monde en effet se
mettrait à dépendre uniquement des sources d’information et de diffusion
contrôlées par des firmes anglo-saxonnes ». Mais, dans ce contexte précis, dire
que « les idées pénètrent des neurones » est, en soi, un cheval de Troie de la
pensée unique.
Cette
même notion avait, jadis, été soutenue et développée par des auteurs français.
Il suffit, pour s’en convaincre, de consulter la plupart des débats
académiques, sur les problèmes de la neuropsychologie, publiés par la librairie
Germer Baillière et son successeur Félix Alcan entre 1870 et 1930. Néanmoins,
la science française pouvait, à juste titre, considérer cette notion comme
faisant partie de la pluralité conceptuelle que la richesse culturelle
française autorise. De nos jours cette même notion, bien qu’entièrement erronée,
est machinalement reprise, sans aucun discernement conceptuel d’avec une
quelconque antithèse, par tous les media « prestigieux », notamment ceux dont
le financement dépend de budgets anglo-américains ou, en tout cas, ne leur est
pas hostile.
En
réalité, les neurones, par des moyens physico-chimiques, ne font que donner
forme aux états et à la dynamique des champs électriques du cerveau. La
personne, comme éclosion existentielle, est appelée à percevoir et influencer
ces états des champs électriques d’un cerveau particulier, le sien propre à
l’exclusion de tout autre. Elle « réagit » à ces états par des sensations
internes et, tout à la fois, elle « agit » sur ces mêmes champs afin d’initier
des mouvements volontaires externes. Mais, pour des raisons étrangères à toute
perspective scientifique, cette vérité n’est pas admise par la science
anglo-américaine contemporaine ni par ses nombreux relais dans la communauté
scientifique internationale.
La notion de Personne, au service de l’exclusion des
personnes ?
En
effet, le risque serait grand, dans pareil cas, de voir opposer un démenti
cinglant à l'idée que les personnes ne seraient que des structures
accidentellement composées par la nature ; et que leur pensée peut donc
seulement « réagir » aux forces naturelles mais sans jamais
« agir » en introduisant, dans la nature, de nouvelles séries
causales. Cette hyper-réduction des personnes à l’ingénierie de leur corps empêche,
justement, de considérer que tout individu est beaucoup plus digne de respect
que n’importe quelle collectivité ou communauté à laquelle il se trouve
intégré. Ce faisant, l’idée erronée que « les idées pénètrent des neurones »
pourrait contribuer à assurer le pouvoir de la « ploutocratie
excluante ». En effet, elle introduit certes une notion de Personne mais
qui, en réalité, sert à exclure le plus grand nombre possible de personnes de
l’accès aux gains culturels et conquêtes socioéconomiques. Dès lors, les
individus, ayant une fausse représentation d'eux-mêmes, ne sont plus en mesure
d'avoir les égards nécessaires les uns envers les autres et, par conséquent, de
se solidariser et lutter ensemble afin d'élargir le dit accès. Ceci est particulièrement
vrai quand les personnes n'ont, entre elles, aucun lien commun en dehors de
l'appartenance primaire à la même nature humaine. Dans ces conditions, on voit
mal ce qui pourrait amener quelqu’un à devoir se préoccuper du sort et du
bien-être de ce qui ne serait pas un « Autre » mais, tout au plus, de
simples excroissances du relief terrestre situées aux antipodes. Ainsi, par le
biais de cette erreur neuroscientifique, le pouvoir corporatiste excluant s'assurerait
de la docilité des individus qui ne risquent pas, dès lors, de lui opposer le
moindre contrôle démocratique.
La
notion erronée que « les idées pénètrent les neurones » est donc, typiquement
parlant, un psychovirus, pour reprendre l’heureuse formule du regretté Claude
Rifat. Ce dernier surnommait ainsi certaines expressions fragilisant le discernement
critique des victimes dans ce qu’il appelait « la guerre de
velours ».
Permettez-moi
de rappeler quelques faits. En 2000, le « Prix
Nobel de Physiologie ou de Médecine » fut octroyé à Eric Kandel pour ses travaux sur les adaptations qui
surviennent, lors du processus d’apprentissage, dans les synapses nerveuses des
ganglions des limaces de mer géantes. Chez ces créatures, nul n’a jamais émis
la moindre hypothèse quant à la présence ou à l’absence d’un quelconque esprit.
Les protocoles expérimentaux de Kandel ne sont pas susceptibles d’infirmer ou
de confirmer une telle éventualité car ils ne font aucune distinction de
principe entre les créatures « dotées d’esprit » ( organismos
empsiqueados, mindful creatures ) et les créatures « dépourvues
d’esprit » ( animales sin psiquismo, mindless creatures ). En
outre, comme le remarque A. Courban, le terme anglais « consciousness »,
qui est au cœur de la recherche et des débats en neurosciences, n’a même pas
son équivalent en français. Sur ce point précis, on ne parle pas de la même
chose en anglais et en français, italien ou espagnol. On pourrait, tout au
plus, rendre « consciousness » par « conscienscitude »,
c’est à dire la propriété d’être conscient et non le fait de l’être. C’est
pourquoi et, afin de désigner la spécificité des individualités existentielles,
extérieures les unes par rapport aux autres, nous utilisons, par après,
l’expression « ontologie du Sujet » même si cette dernière renvoie, en
anglais, à « ontology of self-consciousness ». Eric Kandel est
certes un chercheur de renom et ses travaux expérimentaux, dont les protocoles
ne font aucune référence quant à l’éventualité de l’absence ou de la présence
d’une quelconque faculté mentale ou psychique, méritent largement l’estime et
la reconnaissance. Néanmoins, le Comité Nobel lui a accordé le prix en question
en proclamant et en se fondant explicitement sur le postulat qui veut que «
notre mémoire peut être considérée comme étant localisée dans nos synapses[2]
». C’est pourquoi et, malgré ou à cause du prestige d’une telle récompense, un
nombre croissant de savants, se basant sur les travaux de l’école d’Argentine
ou sur des travaux similaires, expriment leur désaccord quant à une
interprétation portant sur le psychisme à partir de conclusions de recherche
qui ne font déjà pas référence au « mental », comme le Comité Nobel a
cru devoir le faire.
Le psychisme miscible façonne des
« existentialités » interchangeables en tout point
Le
dit Comité a avalisé de manière abusive, comme s’il s’agissait d’un fait dûment
établi, que les souvenirs seraient conservés dans les synapses ou jonctions des
fibres nerveuses du cerveau. Ainsi, la mémoire elle-même, siégerait dans ces
jonctions synaptiques. Dans notre propre tradition neurobiologique, une telle
conception est appelée « anthropologie ganglionnaire ». Le vocable
« anthropologie » signifie la vision qu’on a de la personne humaine ou de
ce que les personnes sont. Un éditorialiste croate[3] a récemment qualifié le
présupposé anthropologique derrière la décision du Comité Nobel de
« scandale de l’anthropologie ganglionnaire ». La réduction de la mémoire
humaine aux seules interactions synaptiques, à laquelle s’ajoute l’ignorance de
notions-clé portant sur les rapports de la mémorisation et du temps, est de
nature à interpeller notre société civile. En effet, de telles conceptions
permettraient, à la limite, de faire l’impasse sur le souci que les membres de
toute société ont à l’égard de l’individu et, par conséquent, le respect dû à
toute personne demeurerait lettre morte. De même que le mortier, le limon et
l’argile sont miscibles et interchangeables, les individus eux-mêmes
estimeraient leur rôle de ressources comme suffisant pour épuiser leur propre
existence. Ainsi, la personne serait réduite au rang d’une chose, d’un bien
échangeable, soit pour le plaisir d’autrui, soit à titre de réservoir de pièces
et d’organes de rechange, soit encore à titre de gènes de remplacement etc…..
De ce fait, les individus seraient amenés à s’abrutir dans des activités
n’ayant d’autre finalité que le plus grand profit et qui, par ailleurs, sont de
nature à entretenir et accroître de manière inflationniste la demande des dits
biens et services, dont la production devient, ainsi, l’objectif et la valeur
unique de la vie.
En
assumant l’anthropologie ganglionnaire, les savants considéreraient donc les
individus aussi interchangeables que les formes éphémères de la nature comme
les feuilles ou les nuages. Ceci trouve, en partie, son explication dans la
parcellisation et la compartimentation excessives des disciplines scientifiques
et de leurs correspondants institutionnels, à savoir les départements
académiques. La cohérence nécessaire, en termes d’unité du savoir, fut donc
négligée ou, du moins, réduite souvent à des souhaits pieux. Dès lors,
l’interdisciplinarité ne vit le jour que sous forme de rencontres pratiques
autour de quelques points de jonction disciplinaires. Quant à l’indispensable
transdisciplinarité, elle se vit ramenée au niveau managerial donnant ainsi au
pouvoir administratif encore plus d’autorité sur le contenu des disciplines, au
service de ses seuls intérêts corporatistes et n’élargissant pas le spectre du
champ transdisciplinaire de la science.
Cette
fragmentation et cette dissociation des disciplines nous a permis de conquérir
la haute technologie sans pour autant augmenter notre intelligibilité du monde
et ce, sans parler de notre vie consciente : « hypertrophie des moyens et
atrophie des fins » comme le dit adroitement don José Ortega y Gasset.
Par contraste, le souci permanent de la vie consciente et du respect qui lui
est dû a toujours constitué le pivot de la recherche scientifique et la valeur
centrale dans la tradition de certains pays dont l’Argentine. Malheureusement,
les fondements de nos programmes de recherche ainsi que nos résultats tangibles
n’ont pas empêché un aveuglément systématique face à deux notions fondamentales
: d’une part la « Cadacualtez », c’est à dire le fait de naître dans
un corps spécifique à l’exclusion d’un autre, au sein d’une famille
particulière et à une époque donnée ; d’autre part, la
« Semovience », c’est à dire le fait pour quelqu’un de pouvoir
initier une nouvelle séquence de causalités ou d’actions, simplement en le
voulant.
Quand les neurosciences annoncent que l’homme n’est
qu’une chose utilisable
Comme
résultat de ce déni systématique, nous nous trouvons face à une science de la
nature qui reprend à son compte le présupposé inexact qui se représente
l’esprit ( intellect : y compris l’entendement, la fonction
perceptivo-sensorielle et la volonté ) d’un individu comme un orifice ouvert
par l’agencement et l’organisation d’une nature, par ailleurs morte. Une fois
désorganisée, cette dernière, n’a plus qu’à fermer cet orifice mettant ainsi
fin à la vie individuelle.
Bien
que non démontrée par les faits, une telle vision soutient et justifie
néanmoins les grands changements du monde qui ont vu la loi du marché s’imposer
et régir tout le champ de l’activité humaine. Dans un tel univers, la valeur
fondamentale est celle de la transaction commerciale, ce qui facilite
l’émergence d’une société néoféodale où le pouvoir oligarchique, corporatiste,
ne doit rencontrer aucune résistance politique et ne doit se voir opposer
aucune forme de contrôle démocratique. Cette oligarchie a besoin de cette «
chosification » de l’esprit humain, voire de répandre une telle vision. L'être
humain acquiert ainsi définitivement les caractéristiques d'une chose ; c’est à
dire que son aspect fondamental est celui d’être utilisable. Cette
chosification scientifique de l’esprit humain renforce d’autant mieux les
thèses développées par les neurosciences que ces dernières sont le fondement de
l’affirmation du caractère utilitaire et utilisable de l’homme. Grâce à cela,
nous risquons de voir émerger de nouvelles générations de citoyens acceptant
plus facilement leurs fonctions d’être uniquement des ressources humaines
primaires ou des excédents démographiques.
Antoine
Courban (Les Chroniques de l'Irréparable, I) dit avec beaucoup de
pertinence : « il faut choisir : soit on considère l'Homme comme Sujet de
l'Histoire ; soit on le considère comme Objet de l'Histoire. Dans le
premier cas, c'est l'Homme qui fait l'Histoire parce qu'il est libre, dans le
deuxième cas, il n'est plus libre, il ne fait que subir le déterminisme de
l'Histoire. Dans le premier cas, l'homme libre prend des décisions, c'est un
citoyen capable de gouverner et d'être gouverné. Dans le deuxième cas,
l'homme-individu ne fait que se conformer à la loi du nombre, il exécute tout
au plus des consignes, il n'a même pas besoin d'être un citoyen, c'est un
numéro interchangeable dans un groupe censé lui conférer une identité
collective. »
Malheureusement,
dans la plupart des cas, de tels rapprochements demeurent étrangers à l’esprit
des hommes de science qui n’en sont même pas conscients, tant ils demeurent
conditionnés par une culture techno-financière qui leur demande, implicitement,
de produire une vision du monde et de l’homme conforme à ses propres schémas de
représentations. De nouvelles idéologies se mettent ainsi en place, entièrement
liées à d’importants secteurs de la vie publique qui tirent avantage de la
croyance que l’individu est un robot.
Qui a intérêt à ce que l’homme se croit un robot ?
L'histoire
d'un tel robot n'est rien d'autre qu'un constructivisme à outrance ou « pantopoiétique »,
« tout-produisant » et « tout-créant ». Ayant conçu, au
préalable, tout « Étant » comme résultat d'une composition, ce
constructivisme outrancier n'est pas en mesure de reconnaître une quelconque
éclosion individuelle (qu’elle soit d’un quantum d'action microphysique ou
d’une existentialite personnelle) ni la moindre « semovience ». Ce
faisant, le constructivisme robotisante évacue et dilue toute notre réalité
ontologique ainsi que notre aptitude à prendre des décisions. Cette démarche se
trouve en parfaite adéquation avec la situation conflictuelle contemporaine,
planétaire, de l'humanité que nous appelons « Ultrahistoire » (ultrahistoria,
Ultrahistory). Ce dernier terme sert à qualifier, dans nos cercles, le fait
que le caractère hallucinogène de tous les « contes » et de tous les
« récits » prend actuellement le pas, voire supplante l’efficacité du
modelage de la vie par les conditions primaires qui soutiennent l’existence.
Cette Ultrahistoire contemporaine se présente donc comme aisément critiquable (“aguantacríticas”, affordably critical), c’est à dire
qu’elle peut supporter la contradiction à peu de frais du moment que ni la
critique (diluée par le débordement d’ « informations ») ni
l’opposition violente et armée ( qui au contraire lui serait profitable) ne
sont plus en mesure de la transformer[4]. Elle se substitue à l’Histoire en
tant que fait social, laquelle avait débuté
lorsque l’innovation sociale engendra les sociétés à pouvoir politique
coercitif[5]. En d’autres termes, quand la coercition devient invisible ou,
pour employer la description lumineuse de Rifat, la violence se mue en
« guerre de velours », l’Histoire comme fait social tend à s’effacer
et cède la place à l’Ultrahistoire.
Dans
l’Ultrahistoire, la « dé-ontologisation » ou dilution
de l’ontologie des esprits est un des aspects du « récit » que
s’appliquent à raconter des « psychologues », des
« chercheurs » et autres spécialistes qui contribuent, de ce fait, à
accroître le caractère fantasmatique de la réalité et son aspect de spectacle
hollywoodien. Ainsi, cette virtualisation de tout ce qui existe atteint
malheureusement l’esprit lui-même. Comment pouvons nous oser faire face
ouvertement à la problématique de « l’ontologie du Sujet » ( la constitución
de la existencialidad personal, ontology of consciousness ), si
notre société planétaire admet au préalable que les esprits sont épuisés par
leur phénoménologie et, dès lors, qu’ils sont dépourvus de toute consistance
réelle ? Des chercheurs argentins[6] ont clairement montré comment, « pour
se construire un nid douillet, toute science, tant celle de la nature que celle
de la surnature, est sous-entendue comme étant une connaissance “d’objets”
(au sens de représentations mentales : pensamientos, mental
contents) et non de choses, c'est à dire, des réalités externes à tout
observateur particulier[7] ». Ils rappellent que ce point de vue est justement
celui des Sophistes, ce qui implique que ce « qui existe, existe en tant
qu’apparence pour quelqu’un d’autre et que rien ne peut avoir en soi sa propre
détermination [8]».
Et
pourtant, les apparences des choses telles qu’elles se révèlent à l’observateur
ne contiennent rien de funeste. La tragique falsification de la vision du réel
commence quand ces mêmes apparences ne renvoient
plus à un quelconque contenu concret et sont « dé-ontologisées ». Ainsi,
elles sont vidées de tout contenu réel hormis la possibilité d’être connues,
faisant croire ainsi que
toute leur consistance ontologique est épuisée par leur « aptitude à être connues »
ou « cognoscibilité ». Cette optique est appelée
« phénoménisme », ou encore « transcendentalisme subjectiviste ». Celui-ci reprend l’ancien
« monopsychisme gnostique » qui était un refus des limites naturelles
de la réalité de chaque individu humain. Ce refus de nos bornes naturelles
était lui-même sur-compensé par la croyance en une unique « Ame du
Monde » dont feraient partie les esprits de tous les observateurs
humains ; âme qui transcenderait chaque individu et sous le regard de
laquelle se déploierait l’ensemble du réel.
Cette
manière de voir est également connue sous le nom de « théorie favillaire
des psychismes miscibles » ( la teoría favilar,
órfico-estoico-origenista, de una “mente” fungible, the
Orphic-Stoic-Origenist favillar theory of a fungible « mind » )
: Une « favilla » est une étincelle ou plutôt une petite goutte
incandescente de lave. Ce terme fut utilisé par Plutarque et d’autres auteurs
comme image du psychisme humain qui s'amalgame à l’« Âme du Monde »
après la perte du corps. C’est pourquoi, le refus de la finitude humaine exige
de renoncer aux notions de semovience et de séparation personnelle. Afin de
rendre concevable et fiable cette fusion grégaire, il est nécessaire, par
conséquent, de devoir décrire les phénomènes indépendamment de leur contenu
matériel (« à l'exclusion de sa matière propre »), comme s’ils
étaient miscibles et étrangers à toute individualité séparée ou semovience. En d’autres termes, dans cette perspective de déni de
toute limitation personnelle, les phénomènes sont dépossédés de leur
« corps » propre et la pensée est censée n’avoir pas de
« fondement » en dehors de sa cognoscibilité. Cette dernière se
trouve dès lors supposée épuiser toute l’existence : tant celle des choses qui
existent en dehors des psychismes que celle des sensations ou des intuitions
qui nous occasionnent quelque savoir des événements. Il en est de même pour toute
consistance ontologique, y compris celle des psychismes. Ceux-ci, à leur tour,
sont supposés construits, à partir des phénomènes dans lesquels ils se diversifient, comme un mur à
partir des matériaux qui le composent. Ne contenant rien d’autre que ces mêmes
phénomènes réduits à leur seule « cognoscibilité », ces mêmes
psychismes semblent, en conséquence, eux aussi, s'épuiser dans leurs seules
« propriétés » connaissables ( onticidad como conocibilidad
fenomenista, cognoscibility ), devenant de la sorte parfaitement miscibles,
favillas de l’« Âme du Monde ». Ainsi, les individus sont conçus comme interchangeables, et tout ce qui existe est
présenté comme :
«
[…] s’il souffrait d’une insuffisance ou d’une relativité ontique et, dès lors,
comme s’il résultait d’un jeu de distinctions prédicatives. Toute science se
trouve ainsi réduite au statut de production poétique[9] : un “poietizing”
ou une sécrétion, semblable à celle exécutée par les glandes, voire un
colportage d’opinions qui épuiseraient toute réalité. Ainsi, seule l’illusion
devient fertile ; toute mémoire étant appelée à disparaître, l’efficacité
signifie de s’en tenir, sans rien risquer, à l’apparence superficielle des
choses. Dès lors, la science et la philosophie échappent à tout danger de se
trouver attirées par d’insondables profondeurs et risquer de tomber dans
l’erreur. Aucune tromperie n’est donc possible, dans la mesure où aucun
« fait » n’existe mais seulement des interprétations. Afin de se
prémunir contre toute erreur, l’argent et le prestige académiques ne doivent
donc pas être dépensés en vain sur des recherches expérimentales, réputées inutiles
du moment qu’elles manquent de cette critique fictionnelle-perspectiviste qui
est le critère de la « faible objectivité » des sciences naturelles…
Cette généreuse préoccupation à l’égard de disciplines scientifiques qui
demeurent en dehors du champ professionnel du critique lui-même, est le but
ultime de la plupart des visions récentes, apparues dans la Modernité et
parvenues jusqu’à l’Ultrahistoire, visions qui visent uniquement à faire des
sciences naturelles et des enquêtes philosophiques de simples productions littéraires. »
En
décrivant la « superficialisation hallucinatoire » de notre Ultrahistoire,
tellement profitable à la nouvelle féodalité financière, ces chercheurs
argentins ont également montré le caractère dissociatif de ses effets. Toute autre
représentation du réel, y compris la description des cerveaux et des liens de
chaque cerveau avec l’esprit dont les interactions causales immédiates s’y
trouvent circonscrites, de même que toute description, quelque peu différente
ou ingénue ou authentique du réel, se verraient incontestablement qualifier, à
leur corps défendant, de conspirations funestes. Il est donc important de
réaliser contre quoi opère la recherche scientifique de toute vérité factuelle.
Dès
lors, pourquoi la recherche de la vérité des faits nous attire tant
d’inimitié ? La raison en est que la « dé-ontologisation » des gens et des
choses naturelles sert indiscutablement les intérêts de certains secteurs de la
société. Cette dissociation découple les gens de ce qu’ils sont, et ce faisant,
fragmente la vie culturelle. De plus, cette même dissociation est recherchée
par certains groupes sociaux en vue d’étendre au maximum leur influence par le
biais d’un imaginaire social holistique, totalitaire, qui est atteint en maquillant
le mythe syncrétique de la Modernité à l’aide des données d’une histoire
essentiellement urbaine. La promotion d’un tel imaginaire vise à faire en sorte
que toute vie soit vécue comme étant celle d’écrans, qui ne sont pas conçus
comme des fenêtres ouvertes et communicantes, mais comme des plans fermés et
distordants.
La vision de notre Ultrahistoire
Ainsi
cet imaginaire, la vision « holistique » du monde, le mythe
syncrétique de la Modernité développé et gonflé par l’Ultrahistoire, nous
présente la nature comme une scène, les faits bruts comme des interprétations,
et les personnes comme des « scanners cérébraux » ( brain scanners )
dont le rôle serait celui de terminaux d’un gigantesque réseau d’intérêts
réifiés. Ces terminaux auraient pour unique fonction de « phénoménologiser » le
monde, s'estimant impuissants à le transformer. Pour cela, tout changement
n’est perçu que comme une altération de formes (ce qui accorde au phénomènisme
et au constructivisme robotisante s’appuyer l'un l'autre), dont la nouveauté ne
serait pas assimilée au produit d’une séquence causale mais à la réalisation,
en termes cinématographiques, d’une fiction à l’image d’un film (macaneo,
“fictioneering”). Toute attente est censée ne plus être que pure
herméneutique.
Dans
une telle vision « épiphénoménaliste », les choses en dehors des
apparences ( extramentalidades, extramentalities ) sont comme
autant d’inabordables noumènes, une sorte de réalité indicible à laquelle nulle
théorie ne pourrait jamais être exigée de correspondre (« positivisme »).
Les facteurs déterminants physiques sont censés se plier aux souhaits de
l’observateur, les existences personnelles (les « existentialités
») deviennent transférables, interchangeables, et la cadacualtez ineffable, ce
qui permet proclamer le constructivisme comme « pantopoiesis ».
Toute « non-altérité » ( comme le fait de ne pas éclore à l’existence de soi
dans un autre corps, une autre famille ou époque) est alors présentée comme
profondément triviale. Tout se passe comme si ne pas être quelqu’un d’autre va
de soi, c’est a dire comme étant une simple affaire de circonstances
contingentes et nullement comme une réalité constitutive. De même, les
circonstances elles-mêmes sont présentées comme étant invariablement
circonstancielles, et jamais constitutives. Ce caractère constitutif est
néanmoins le propre des circonstances où toute existentialité ou personne éclot
à l’existence.
Au
service des intérêts de la ploutocratie et de son pouvoir excluant, cette
vision « hyper-illuministe » du monde écarte tout mystère au titre de
simple arcane. Par ailleurs, l’origine du réel est supposée être une banalité,
la simple énonciation d’un prédicat. C’est pourquoi cette vision du monde considère
comme situationnelle la genèse même du réel. Tout se passe comme si cette
genèse était achevée dans un lointain passée, comme les sept jours d’une
création ou l’événement unique d’un big-bang. Tout fondement ontologique se
trouve donc assimilé à une séquence régulière d’événements. Malgré cela, tout «
mystère », au sens d’énigme non élucidée, n’est cependant pas écarté dans la
mesure où tant l'être de l'observateur que celui de tout étant, n'a pas trouvé
sa justification. Cette dernière implique qu'il
est pré-déterminé ; dès lors tout mystère
ne peut être éliminé tant que l'être n'a pas été élucidé en étant soumis à la règle de la
nécessité et renvoyé à un déterminisme supérieur. Peu importe le démenti,
provenant du fait que toute histoire de changements situationnels n'explicite
en réalité que de simples transformations. Cette même gnose désinformative réduit l'émerveillement
face à l'être (pourquoi quelque chose plutôt que rien ?) et à l’étant (pourquoi
je suis née dans la famille devenue « mienne » plutôt que dans une autre ?) à une simple émotivité
individuelle, particulière. Elle réduit donc le saint au sanctifié, c'est à dire à ce que certains animaux comme les singes
et les hommes regardent seulement avec crainte, fascination, révérence ou
simple déférence. Ainsi le réel est présenté comme simple discours et ce qui
paraît non-déterminé comme tabou. La réalité des faits est elle-même réduite à
une apparence, et leur saisie directe à une simple séquence du flux
d'information délivré par des media. Dès lors, les esprits ne seraient jamais en
mesure de saisir et modifier efficacement leur propre réalité, tant interne
qu'externe, car toute réalité n'est plus que simple fantasme. Leur unique rôle se
résumerait par leur seule faculté à contempler des mirages, comme l'écrivait don
Pedro Calderón de la Barca au XVIIème siècle : « la vie
est un rêve » ( la vida es sueño ) :
«
Les textes ne furent plus que des voiles, mais des voiles vierges sur
lesquelles chaque lecteur doit imposer son point de vue distinct ; la vie,
est justement cette « lecture ». Et la compassion devint, alors, le
partage de chacun dans la pénétration des masses gagnée par les images
publiques, délivrées par les media. La vérité : c’est la nôtre ou la
vôtre. La vérité absolue n’est alors rien de plus que l’opinion que nos pairs nous
autorisent à émettre, à l’image de la « vérité sociale inconsciente »
dont parlait Foucault. De même, l'attention n'est plus qu'une faculté de se
distraire, un loisir comme un autre
( distractibilidad, entertainability). Toute alternative
intellectuelle est considérée comme simple multiplicité indifférenciée et
capricieuse d'opinions; tout modèle comme uniquement « falsifiable »
dans des rêves phénoménologiques. Toute authenticité est, ainsi, dissoute
derrière des écrans qu'on substitue aux choses extérieures aux esprits (extramentalidades,
extramentalities). Les opinions proférées par tel ou tel « herméneute » sont, dès lors, réputées sans
bornes.
Aucune limite ne peut plus être assignée aux interprétations d'une telle herméneutique,
lesquelles n'ont même plus besoin de s'articuler dans une quelconque détermination
cohérente. Cette dernière est simplement rejetée comme « chaos
impensable» ( chaotic unthinkableness ) dès qu’elle transparaît dans les
faits. Tout ce qui existe, du proton à la personne, n'est plus que ce que le
discours écrit de la science, cette grande pourvoyeuse de croyances, affirme. »
[10]
Contre qui s’oppose la recherche de la vérité ?
Ces
passages montrent, à la fois, l’importance et indiquent les adversaires
potentiels d’une neurobiologie s’écartant de la vision dominante à l’heure
actuelle. Cette neurobiologie centre sa réflexion sur la notion d’esprit fini (
existencialidad finita, finite mind ) trouvé opérant et réagissant dans
la nature à partir de chaque cerveau. Elle lui reconnaît une consistance
ontique, c’est à dire sa consistance en soi, indépendamment de toute
connaissance. De même, elle proclame sa consistance ontologique, c’est à dire
la même consistance ontique mais, cette fois-ci, dans la mesure où elle peut
être connue par soi-même. Par ailleurs, cette neurobiologie établit une
distinction formelle entre l’esprit et la pure « réactivité ». Une
telle neurobiologie dénonce le mythe de la « réactivité » qui présente les «
agents » comme des « réactifs » (agents as reagents) et
les gens comme des ressorts de machine. Ce mythe de la « réactivité » veut
faire croire que la dynamique économique serait indépendante de ses propres
acteurs, des ses agents « non-semovients ». Eppur’, il n’est
écrit nul part que l’Ultrahistoire ne puisse être guidée et régulée, ce qui
montre l’importance d’une neurobiologie qui recherche et étudie les faits et
non seulement leur apparence.
Invulnérable aux critiques et aux
attaques, l'Ultrahistoire a toutefois son talon d'Achille. Le talon d'Achille
de l'Ultrahistoire réside dans la possibilité de construire, sur un terrain de
faits concrets, un consensus qui fonde le respect de toute personne, un
consensus portant sur la dignité. Une telle démarche peut seulement être fondée
non sur des opinions, mais sur des faits indépendants de leur interprétation, accessibles
à tout un chacun. C'est là que réside l'importance de renoncer aux descriptions
erronées des personnes comme étant des entités purement réactives, comme
n'étant pas en mesure d'agir pour contrôler le marché et la technologie, ou
comme de simples projections sur écran-ressources qui, par ailleurs, sont
dépourvues de toute consistance ontique.
« Ne luttez plus, résignez vous, votre vie est
un rêve, votre existentialite est un épiphénomène »
Tout aussi erronée est la description
des contenus mentaux comme des « idées qui pénètrent les neurones ».
Ce psychovirus sert à défendre la résignation à supporter une société
insupportable : si les idées se déplaçaient parmi les neurones et la mémoire
était dans les synapses, aspirer à changer le monde afin d’assurer
la considération des individus est comme si les
plantes songeaient en changer l’écologie afin de n’être plus dévorées. Et
cette résignation prévient la solidarité. En
encourageant, sous couvert d’autonomie, l’égoïsme croissant parmi la multitude des victimes, l’oligarchie exploitante
ne peut y trouver que des bénéfices. En effet, à quoi bon se solidariser si on
suppose ne valoir pas plus que des orties, voire moins que les oiseaux du
ciel ? Hegel a fait croire à plusieurs
que la dynamique économique est amenée inéluctablement à se dissocier de ses
agents/acteurs. Cette dissociation, ce découplage, accordent plus de valeur aux
forces agissantes de l'économie qu'aux acteurs de cette dernière qui en sont
ainsi dissociés, écartés, exclus. Telle est le deuxième mensonge fondamental,
enraciné dans le Néoplatonisme, qui vise à miner et saper tout effort de
changement ; la première mensonge, de nature éthique, est que cette
dynamique « dissociée » dépasse ses agents en valeur. C’est pourquoi,
il est essentiel pour le grand public et la société civile de comprendre et de
réaliser les enjeux considérables qui se profilent derrière ce qu’il est
convenu d’appeler le problème cerveau-pensée ( cuestiones de cerebro y mente,
brain-mind problem ), enjeux qui pourraient modifier en profondeur notre
société planétaire.
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[1] « Vox
Latina Info », numéro 65 du 15/09/2002.
[2] Our memory can
be said to be "located in the synapses"
[3] Tanja Rudez, «
Skandal zbog Nobela za medicinu », Jurtanji list, Zagreb, Croatia, 10 décembre
2000
[4] La nouveauté de l’Ultrahistoire c’est
qu’elle permet réellement aux gens de s’informer. Personne n’interdit à qui que
ce soit la recherche d’informations et de nouvelles, si elles sont disponibles.
Le seul obstacle demeure le temps et la motivation. La plupart des gens
croient, de bonne foi, être bien informés et, dès lors, perdent toute
motivation à vouloir accroître leur niveau d’information.
[5] Pierre Clastres, « Copernic et les
sauvages », Critique # 270, novembre 1969 ; « La Société
contre l’État », Paris : Les Éditions de Minuit, 1974, pp. 20-22.
[6] Alicia Ávila
et M. Crocco, « Sensing », Buenos Aires: Institute for Advanced Study, 1996,
pp. 775-776. C’est dans ce traité que l’Ultrahistoire est qualifiée ainsi pour la première
fois et ses liens avec une dérive des neurosciences clairement démontrés.
[7] Op.cit.
[8] op.cit.
[9] Içi, l’expression productive ou poétique
est comprise dans le sens étymologique du grec poïein, à l’image de la
sécrétion des glandes du corps.
[10] op.cit., 779
Laboratorio de Investigaciones
Electroneurobiológicas del Hospital Borda, octubre de 2002
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SOCIOLOGÍA DE LAS NEUROCIENCIAS
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L'aliénisme en
Argentine : Diego Alcorta (1827) : Dissertation sur la manie... aiguë?
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Metaphors at odds in conceiving organismal-societal government: The Political Structure of the Brain: Cerebral Localization in Bismarckian Germany
(English)
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ELECTRONEUROBIOLOGÍA
Efectos
relativísticos en biofísica cerebral:
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SUMARIO Y
PÁRRAFOS INICIALES EN CASTELLANO
Diversificación
de recursos electroneurobiológicos en la evolución del sistema nervioso:
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Cálculo
de potenciales dentro de las células
Calcule
intensidades eléctricas y magnéticas en cada compartimiento neuronal: The nervous principle: active versus passive electric
processes in neurons (Explains how to calculate electric and magnetic
field strengths inside different neuronal compartments) (LONG FILE IN ENGLISH with
Bulgarian, Russian and Spanish abstracts/TOCs)
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Evaluación de
potenciales fuera de las células
Signal analysis to exploit the information of steady-state recordings: Do’s and don’ts in Fourier analysis of steady-state potentials
(Assumptions in the discrete Fourier transform (DFT) not necessarily fulfilled in real-world applications) (English)
NOCIONES GENERALES
Conceptos:
Noticia general -- ¿Qué es electroneurobiología? -- La atmósfera intelectual (all in Spanish) -- Main Technical Ideas / Conceptos técnicos principales (English and Spanish) -- El descubrimiento de la Doppelrinde (German and Spanish)
Comentando una "ilusión óptica" / Commenting an "optical illusion":
A visual yet non-optical subjective intonation:
una entonación subjetiva visual pero no óptica
(English and
Spanish)
¿Por dónde interactúan los psiquismos con sus respectivos cuerpos?