Gobierno de la ciudad de Buenos Aires
Hospital Neuropsiquiátrico
"Dr. José Tiburcio Borda"
Laboratorio de Investigaciones Electroneurobiológicas
y
Revista
Electroneurobiología
ISSN: ONLINE 1850-1826 - PRINT 0328-0446
Neurophysiologie
du bâillement,
revue au
travers de
l’ontogenèse et de
la phylogenèse
par
Olivier Walusinski
Contacto / correspondence: Walusinski[-at]yawning.info
Electroneurobiología 2006; 14
(4), pp. 147-173; URL http://electroneubio.secyt.gov.ar/index2.htm
Copyright © Electroneurobiología, August 2006. Este
trabajo es un artículo de acceso público; su copia exacta y redistribución por
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Received: August 17, 2006 – Accepted: August 30, 2006
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Sumario: Nos proponemos señalar cómo las
pandiculaciones – combinaciones de bostezar y estirarse que permanecen morfologicamente
idénticas en todas las clases de vertebrados – se asocian con estados de
transición entre las fases de ritmos biológicos, tanto infradianos y
circadianos cuanto ultradianos. Los comportamientos de bostezo solo y de
pandiculación han recibido poca atención, aunque testimonian procesos
homeostásicos adaptativos que son indispensables para la vida. Se trata de kinesias
o composiciones unitarias de actividad neuromuscular; esto implica, en cuanto a
su puesto en la serie de adquisiciones neurobiológicas mayores, que siguen a la
integración de ciclos bioquímicos en ritmos biológicos y preceden a la adquisición
de praxias, gnosias y simbolias. Habiendo así surgido presumiblemente en antepasados
comunes a todos los vertebrados y presentes ya en los vertebrados filogeneticamente
más antiguos, en todas las clases de vertebrados las pandiculaciones generalizadas
y coordinadas se ejecutan de modo morfologicamente similar, en ocasión de
transiciones comportamentales que de manera recurrente y cíclica tienen lugar
en el curso de los tres tipos de ritmos biológicos que sostienen el estilo de
vida del tipo vertebrado: a saber, la alternancia vigilia-sueño, la regulación
de la saciedad y las regularidades reproductivas. Esta kinesia, la pandiculación,
responde a una estimulación interna, que no exterioriza razón visible pero es
necesaria para los procesos de la homeostasis en esas tres áreas de comportamiento.
En el presente trabajo, tras haber explicitado los mecanismos neurobiologicos
activados y los circuitos neuronales que los sostienen, se propone interpretar
bostezos y pandiculaciones como participantes de la interoception, o introyente de Chr. Jakob, por sus capacidades
de estimular la vigilia así como la saliencia, noergia o nivel de percepción
consciente del esquema corporal. Los humanos, y al menos algunos antropoides probablemente,
compartimos una aptitud particular, la de ser receptivos a la contagiosidad del
bostezo. Con ello el bostezo humano juega un rol en la vida social, por su
poder de sincronizar los niveles de vigilia entre varios individuos. Su ecoquinesia
o contagio refleja nuestra capacidad de ser influenciados por el comportamiento
de otro de manera automática e involuntaria. Se propone aquí que la ecoquinesia
del bostezo es una forma de empatía kinésica, por lo tanto instintiva e involuntaria,
que pone en juego estructuras neurofuncionales corticales compartidas.
Résumé: Nous nous proposons de montrer comment les bâillements
et les pandiculations, en restant morphologiquement identiques, apparaissent
associés à chaque état de transition des rythmes biologiques, qu’ils soient
infradiens, circadiens ou ultradiens. Les comportements de bâiller et s’étirer,
dont l’association se nomme une pandiculation, ont reçu peu d’attention, alors
qu’ils témoignent des processus adaptatifs d’homéostasie fondamentaux pour la
vie. Leur apparition précoce participe
d’une part à la neurogenèse fœtale, activité dépendante, et témoigne d’autre
part de la mise en jeu de l’activité fonctionnelle neurobiologique. Qualifiables de kinésie,
bâillements et pandiculations précèdent l'acquisition des praxies, gnosies et
symbolies. Présents déjà chez les vertébrés phylogénétiquement les plus anciens,
ils semblent avoir évolué probablement peu depuis l’ancêtre commun à tous les vertébrés,
confirmant ainsi leur importance évolutive et neurobiologique. Les
pandiculations se déroulent de façon morphologiquement semblable, chez tous les
vertébrés, lors des transitions comportementales survenant de façons récurrentes
et cycliques au cours des trois types de rythmes biologiques de la vie:
l’alternance veille-sommeil, les prises alimentaires et les rythmes propres à
la reproduction des espèces. Cette kinésie, la pandiculation, répond à une
stimulation interne, sans raison extériorisée appréhendable, mais nécessaire
aux processus d’homéostasie de ces trois comportements. Dans ce travail, après
avoir explicité les mécanismes neurobiologiques activés et les circuits
neuronaux qui les sous-tendent, il est proposé d’interpréter bâillements et pandiculations
comme participant de l’intéroception (l'introyente
de Chr. Jakob) par leurs capacités à stimuler l’éveil et la salience, noergie
ou degré de perception consciente du schéma corporel. Les Hominidés et quelques
singes ont une aptitude particulière, celle d'être réceptifs à la contagiosité
du bâillement. Il est émis l’hyothèse qu’ainsi, le bâillement joue un rôle dans
la vie sociale par sa capacité à synchroniser les niveaux d’éveil entre
individus. Cette échokinésie ou contagion reflète notre faculté à être influencés
par le comportement d’autrui de façon automatique et involontaire. Il est
proposé que l’échokinésie du bâillement est une forme d’empathie kinésique,
donc instinctive et involontaire, mettant en jeu des structures
neurofonctionnelles sous-corticales et corticales activées tant dans le vécu
émotionnel que dans la simulation mentale des émotions.
Abstract: The present report aims to show how
pandiculation, a combination of stretching and yawning that remains morphologically
identical across the whole range of vertebrates, occurs associated with the
transitional states between the phases of biological rhythms – whether
infradian, circadian or ultradian. Yawning and pandiculations are neglected features
among the categories of maintenance behavior. They are kinesies; it means that,
as regards their place in the series of major neurobiological developments,
they follow the integration of biochemical cycles into biological rhythms but
precede the acquisition of praxias, gnosias and symbolias. Thus systematic and
coordinated pandiculations, having seemingly arisen in common ancestors of all
vertebrates, occur in all vertebrate classes during the transitional behaviors
intervening between the phases of the different periodical rhythms which support
the vertebrate life-style (namely, sleep-arousal alternation, feeding, and
reproductive regular changes) in a compound pattern of almost identical general
form. This kinesis appears as one undirected response to an inner stimulation,
underlying the homeostasis of these three behaviors. After discussing the
specific regulatory strategies and neural networks involved, it is proposed
that yawning belongs with interoceptiveness (Jakob's introyente) by its capacity to increase arousal as well as the salience,
noergy or level of self-awareness regarding the bodily schema. Apes (probably)
and humans have the unique capacity of being receptive to the contagiousness of
yawning. Thus human yawning appears to trigger a sort of social coordination
function (arousal synchrony) and reflects the capacity to become automatically
or mindlessly influenced by the behaviour of others. Such a kinesical empathy
supports the hypothesis that contagious yawning involves shared neural networks.
« The muscular fibres themselves constitute the organ
of sense, that feels extension... hence the whole muscular system may be
considered as one organ of sense, and the various attitudes of the body, as
ideas belonging to this organ, of many of which we have hourly conscious, while
many others, like the irritative ideas of the other senses, are performed
without our attention.»
Erasmus Darwin, Zoonomia
(1801).
Les organismes vivants, en particulier les
vertébrés, exhibent des comportements variés, essentiels à leur survie,
caractérisés par leur récurrence cyclique. Il en va ainsi pour les trois comportements
fondamentaux de la vie des vertébrés et de sa transmission: la vigilance (être
apte à survivre face aux prédateurs alors que le sommeil est indispensable à
l’homéostasie, l’alimentation (capter de l’énergie), la reproduction
(transmettre la vie). Cette rythmicité répond aux critères définis par Bejan et
Marden (2006) dans leur récente “théorie constructale” des périodicités naturelles
et notamment biologiques. Nous nous proposons de montrer comment les bâillements
et les pandiculations, en restant morphologiquement identiques, apparaissent
associés à chaque état transitionnel des rythmes infradiens, circadiens et
ultradiens qui caractérisent ces comportements.
Que sont des bâillements et des pandiculations ?
L’éthologie agrée l’idée que la plupart des
vertébrés bâillent qu’ils soient poïkilothermes ou homéothermes, des mondes
sous-marins, terrestres ou aériens, herbivores, fructivores, insectivores ou
carnivores. L’existence de bâillements chez les reptiles et même chez les
poissons confirme l’origine phylogénétiquement ancienne de ce comportement. Sa
survivance, sans variation évolutive, indique son importance d’un point de vue
fonctionnel. Mais, à quoi sert-elle cette kinésie?
Une pandiculation est un bâillement se
déroulant simultanément à une contraction massive des muscles antigravifiques
(André-Thomas, 1949), c’est à dire chez les tétrapodes une extension maximum
des quatre membres et du rachis, portant en arrière la tête.
Pendant le bâillement, le muscle qui chez
l’homme est le plus grand de l’organisme, le diaphragme, se contracte massivement
provoquant une ample inspiration par des voies aériennes supérieures ouvertes à
l’extrême ainsi que la bouche. J. Barbizet (1958) a montré que le diamètre du
pharyngo-larynx est multiplié par quatre par rapport à la position de repos. La
contraction simultanée des muscles ouvrant la bouche (mylo-hyoïdiens et digastriques)
et de ceux assurant sa fermeture (ptérygoïdiens, masséters, temporaux), explique
les contraintes importantes subies alors par les articulations
temporo-mandibulaires (Forte, 1982).
Les mouvements de la tête font partie
intégrante du cycle ouverture/fermeture de la bouche nécessaire à la
mastication, à l’élocution, au chant, mais aussi au bâillement (Abrahams, 1988,
1993). D’un point de vue phylogénique, chez toutes les espèces, ce couplage fonctionnel
a une valeur adaptative, sélectionnée, car elle assure une meilleure capacité à
saisir des proies mais aussi à se défendre et à combattre. Les afférences sensori-motrices
oro-faciales (trijumeau) sont nécessaires au contrôle de la motricité
cervico-céphalique, c’est à dire que l'activité fonctionnelle mandibulaire est
une association de mouvements synchronisés de la nuque et de la mâchoire dans
lesquels interviennent les articulations temporo-maxillaires, le rachis
cervical et sa musculature (Zafar, 2000). L'action des muscles masséters et
cervicaux est synchronisée par une commande motrice commune automatique générée
par le tronc cérébral (“central pattern generating circuits” : Marder, 2005),
où siègent les noyaux moteurs des paires crâniennes V, VII, IX, X, XI, XII.
Toutes ces structures motrices sont activées pendant les bâillements. T.
Humphrey (1968) a parlé d’un réflexe trigémino-nuqual.
Quantifier
et analyser les bâillements de toute la diversité du monde animal reste à
faire. Néanmoins, chez l’homme, à partir du concept d’un lien entre activité motrice
cervicale et mandibulaire, un appareillage a été développé pour assurer le dépistage
ambulatoire du syndrome des apnées du sommeil (Somnolter©). En effet, la fin d’une apnée obstructive ou centrale
est suivie d’un micro-éveil, d’un mouvement d’ouverture de bouche
d’inspiration, mettant fin à un arrêt ventilatoire avec éventuelle désaturation
artérielle en O2. Le Somnolter permet
ainsi l’estimation de la distance intermaxillaire et, en corollaire, permet
d’enregistrer les bâillements. Il est noté que l’amplitude d’ouverture de la
bouche, lors d’un bâillement spontané, est plus importante que l’ouverture
volontaire maximale de la bouche lors du calibrage de l’appareil et que
l’occlusion qui suit la fin du bâillement apparaît également plus accentuée que
l’occlusion volontaire. C’est la première méthode permettant de compter, de façon
objective, le nombre de bâillements, et il pourrait, peut-être, être adapté à
certains autres mammifères.
L’ensemble des données présentées autorise à
décrire le bâillement des mammifères comme une pandiculation partielle, c’est à
dire une contraction massive du diaphragme, des muscles de la face et de la nuque,
sans contraction des extenseurs des membres et du rachis dorso-lombaire. V.
Dumpert et E. Claparède avaient déjà proposé, en 1921, cette interprétation qui
permet d’apporter une explication neurophysiologique à ce comportement.
Neurophysiologie des bâillements et
pandiculations
Les transitions comportementales des animaux
ne résultent pas d’une adaptation passive aux conditions de l’environnement mais
obéissent à des stimuli internes caractérisant les adaptations homéostasiques générées,
en particulier, par l’hypothalamus (noyaux suprachiasmatiques, noyaux paraventriculaires).
Ces horloges biologiques internes coordonnent une adéquation précise entre
besoins métaboliques (satiété), survie de l’espèce (accouplement) et conditions
d’environnement (adaptation tonique à la pesanteur et motricité). On observe
que les bâillements et les pandiculations sont associés aux transitions entre
des états d’éveil et de sommeil, lors de l’installation de la faim ou de la
satiété, lors de l’installation ou de la disparition d’états émotionnels secondaires
à une vie en groupes sociaux hiérarchisés (Walusinski, 2004).
C. Sherrington (1905) a énoncé le paradigme
que seule l’activité motrice extériorise l’activité du système nerveux, ce qui
est exacte pour les kinésies. Bâillements et pandiculations extériorisent
l’activité des centres moteurs du tronc cérébral (V, VII, IX, X, XI, XII) et de
la moelle, sous la commande du noyau paraventriculaire de l’hypothalamus (PVN).
Le PVN est un centre d’intégration entre les systèmes autonomes central et
périphérique. Il intervient, notamment, dans la balance métabolique (osmolarité,
énergie), la pression artérielle et la fréquence cardiaque, la sexualité. Bâillements
et pandiculations peuvent être déclenchés par des injections (apomorphine,
hypocrétines, etc) ou disparaître après électrolésion dans la zone
parvo-cellulaire du PVN (Sato-Suzuki, 1998). Un groupe de neurones ocytocinergiques,
situés dans cette zone du PVN, projetant vers l’hippocampe, le tronc cérébral
(locus coeruleus) et la moelle, contrôlent les bâillements et l’érection. La
stimulation de ces neurones par la dopamine ou ses agonistes, des acides aminés
excitateurs (NMDA), l’ocytocine elle-même, déclenche des bâillements alors que
le GABA ou les opioïdes inhibent bâillements et érections. L’activité de ces neurones
dépend d’une enzyme, la “nitric oxyde synthetase”, qui fabrique l’oxyde nitrique
à l’origine de la libération de l’ocytocine par un mécanisme actuellement non
élucidé.
Par opposition à l’éveil, le sommeil est un
état comportemental caractérisé par un désengagement sensoriel avec
l’environnement et les perceptions internes (intéroception). Des cycles
successifs de 60 à 90 minutes se renouvellent au cours d’une nuit de sommeil,
avec succession de sommeil lent profond (prédominant en début de nuit) et de
sommeil paradoxal (prédominant en fin de nuit). Celui-ci est caractérisé par
une activité corticale comparable à l’éveil, accompagnée d’une hypotonie musculaire
périphérique avec collapsus relatifs des voies respiratoires supérieures, une
instabilité des processus végétatifs autonomes rappelant l’état poïkilotherme.
L’éveil spontané survient préférentiellement lors du début de la remontée de la
température corporelle (rythme circadien), en fin d’une période de sommeil paradoxal.
La transition vers l’éveil comporte une reprise des processus sensoriels, facilitée
par l’activité corticale rapide de cette phase de sommeil, et s’accompagne
d’une reprise du tonus musculaire tant au niveau squelettique qu’au niveau des
voies aériennes supérieures. Bâillements et pandiculations ouvrent les voies
respiratoires et renforcent le tonus musculaire antigravifique. Toute activité
motrice génère un rétro-contrôle (feedback)
adaptatif. La puissante contraction musculaire du bâillement et de la pandiculation
génère une information sensorielle en retour, par les voies de la sensibilité
profonde, projetant sur le locus coeruleus (boucles sensori-motrices trigémino-cervico-spinales),
la réticulée ascendante du tronc cérébral et l’hypothalamus latéral. Il est
proposé d’expliquer la finalité de ces comportements comme une stimulation des
systèmes d’éveil (système noradrénergique et dopaminergique projettant vers le
cortex) et un renforcement du tonus musculaire (système hypothalamique
hypocrétinergique), engendrée par ce rétro-contrôle (Walusinski, 2006).
Les états d’éveil et de sommeil
correspondent à des activités de circuits neuronaux spécifiques. Bâillements et
pandiculations peuvent être interprétés comme un mécanisme adaptatif déconnectant
un type de circuit neuronal et favorisant la mise en fonction d’un autre réseau
(“reset” ou reconfiguration), optimisant le changement comportemental (Bouret,
2005).
La ghréline est un ligand endogène pour les
récepteurs à l’hormone de croissance (GH) et apparaît comme un peptide inducteur
de la faim et de la recherche de nourriture. La ghréline, les hypocrétines (ou
orexines) et le neuropeptide Y (NPY) forment un circuit hypothalamique de
régulation de la satiété. Hypocrétines et NPY sont également impliqués dans la
régulation de l’éveil. La ghréline inhibe le sommeil tant profond que paradoxal
en fonction de la luminosité. Il est facile de concevoir que la recherche de
nourriture nécessite un éveil adapté. L’expérimentation chez le rat indique que
l’injection de gréhline stimule l’éveil, l'auto et hétéro-nettoyage (“grooming”)
et semble induire des bâillements, en période nocturne, c’est à dire d’activité
pour le rat, alors que la ghréline injectée au lever du jour induit le sommeil.
La ghréline est donc un peptide candidat dans l’induction des bâillements associés
à la satiété, rythmée par le cycle éveil-sommeil (Szentirmai, 2006).
Chez l’animal, il est démontré que la faim réduit la durée de sommeil. Elle
modifie le rythme circadien des activités motrices afin d’augmenter le temps
consacré à la recherche de nourriture. Ceci résulte de l’adaptation de
l’activité des neurones hypocrétinergiques de l’hypothalamus latéral en
fonction des taux plasmatiques périphériques du glucose, de la ghréline
(orexigène) et de la leptine (Sakurai, 2006). La leptine a permis de hisser le
tissu adipeux au rang d’organe endocrine. Ce peptide a une fonction anorexigène
lors de la saturation lipidique des adipocytes, défaillante chez l’obèse, par
possible défaut de transduction au travers de la barrière hémato-encéphalique
(Banks, 2006). Il existe donc des liens très étroits entre éveil et satiété,
expliquant aussi l’existence de bâillements associés. Actuellement aucun
travail n’a été conduit sur un lien entre leptine et bâillements.
Les stéroïdes sexuels modulent l’activité de
l’ocytocine et de la dopamine au niveau du PVN. Chez le rat ou le singe
macaque, les bâillements disparaissent après castration et sont restaurés par
des injections de testotérone exogène. Les bâillements sont décrits, en éthologie,
comme plus fréquents ches les mâles alpha des groupes de macaques. Les oestrogènes
inhibent les bâillements induits par l’apomorphine alors que la progestérone favorise
d’abord des bâillements puis le sommeil. On peut ainsi envisager que les bâillements
répétés bien connus par les femmes enceintes au premier trimestre de leur grossesse,
et toutes les occurences de bâillements liés à la sexualité résultent de
l’interaction des stéroïdes sexuels au niveau du PVN. (Deputte, 1994; Holmgren
1980; Seuntjens, 2004).
Développement du bâillement au cours de
l’ontogenèse.
Il est reconnu que les gènes homéotiques (Hox), gènes architectes,
délivrent une information positionnelle. Ils représentent quatre groupes de
gênes codant pour la transcription de facteurs (les protéines Hox) impliqués
dans l’orchestration de la mise en place de l’axe rostro-caudal de l’organisme,
incluant la segmentation du tronc cérébral et du diencéphale d’une part, la
formation des membres supérieurs d’autres part. Ils commandent
l’individualisation du massif facial et du cerveau à partir d'une structure
embryonnaire commune, l'ectoblaste. Le pôle céphalique comporte une
segmentation encéphalo-faciale et encéphalo-cervicale avec une correspondance
topographique stricte: les structures naso-frontales et prémaxillaires sont
liées aux hémisphères; les structures maxillo-mandibulaires et cervicales antérieures
sont unies au tronc cérébral et à ses nerfs (Borday, 2004).
Au début du troisième mois, l'embryon humain
devient un foetus grâce à l'apparition des premières séquences motrices orales
et pharyngées sous la dépendance de la myélinisation du tronc cérébral. Les mouvements
des joues et de la langue participent à la formation du palais par l’initiation
de mouvements de traction antéro-postérieurs alors que les valves palatales
primordiales sont orientées verticalement. L’activité motrice de la langue et
de la bouche est constamment accompagnée de mouvements du cou comme
l’illustrent les échographies qui, dès 12 à 15 semaines de grossesse, montrent
les succions, déglutitions, bâillements et pandiculations. L’activité
oro-pharyngée se coordonne ainsi avec les régulations respiratoire, cardiaque
et digestive de même localisation neuro-anatomique. L'extension du processus de
myélinisation au néocortex temporal et frontal se complète jusqu’à 22 à 24
semaines (Flechsig).
L'éxécution de succions, déglutitions, bâillements et pandiculations se
révèle donc d'importance dans le développement fonctionnel du système nerveux
alors que la puissante contraction musculaire qu’ils représentent a un coût
métabolique significatif. Une hypothèse structurale suppose un accroissement
d’activation et de recrutement des neurotrophines qui génèrent toute une cascade
de nouvelles synapses, de nouveaux circuits neuronaux au niveau diencéphalique
et du tronc cérébral. Ce mécanisme de développement, activité-dépendant, a
clairement été identifié comme un des processus affectant la maturation fonctionnelle
précoce des systèmes sensoriels et moteurs. Ce phénomène d’activité-dépendance
est un processus ubiquitaire de maturation cérébrale par lequel le
développement d’une région, d’une structure participe au développement d’autres
régions, d’autres structures (Marder, 2005).
La phylogenèse suggère que le repos nocturne
des poïkilothermes a probablement évolué vers le sommeil paradoxal (REM sleep)
qui est caractérisé par une hypotonie musculaire périphérique commandée par des
noyaux situés à la partie dorsale du tronc cérébral, situé rostralement par
rapport au pont (Nicolau, 2000). L’étude du sommeil, tant du foetus humain
qu’animal, indique que la première forme de sommeil a des caractéristiques de
sommeil actif ou agité qui représente une forme immature de sommeil paradoxal
et est encore très prépondérant à la naissance. Siegel (2005) a montré que plus
le cerveau est immature à la naissance, plus il existe de sommeil paradoxal.
Les mécanismes commandant le sommeil paradoxal sont les premiers fonctionnels
et les seuls actifs initialement en raison de la seule myélinisation du tronc cérébral
et du diencéphale. Ensuite le sommeil lent apparaît quand les structures
thalamo-corticales deviennent matures. Il apparaît donc que le contrôle de
l’activité neuronale exercée par le sommeil paradoxal participe du mécanisme,
activité dépendant, de maturation fonctionnelle du cortex. Il peut être inféré
qu’au tout début de la vie foetale, le sommeil paradoxal (et le bâillement?)
dirige l’évolution de la maturation corticale par sa stimulation neuronale. De
la vie prénatale à la vie postnatale, un pattern
comportemental montre un développement parallèle de l’apparition du sommeil
paradoxal et du bâillement. C’est ainsi que la durée du sommeil paradoxal décline
de 50% du temps de sommeil, chez le nouveau-né, à une à deux heures chez
l’adulte; que le nombre de bâillements passe de 30 à 50 par jour chez le
nouveau né à moins de 20 par jour chez l’adulte. Cette diminution intervient
essentiellement de la naissance à la fin de la puberté (Walusinski, 2006).
Bâillements et pandiculations sont donc des
comportements moteurs à commande centrale sous-corticale, diencéphalique, apparaissant
de façon contemporaine au sommeil paradoxal avec lesquels ils partagent la même
origine phylogénique.
Autres
conséquences des bâillements et pandiculations
Nous allons passer en revue les autres
effets centraux et périphériques induits par la puissante contraction
musculaire des bâillements et pandiculations.
Domenico Cotugno a été le premier, en 1764,
en évoquer la circulation du liquide céphalorachidien (LCR). Les battements cardiaques
et les mouvements respiratoires transmettent des variations de pressions dans
les ventricules cérébraux. Chaque inspiration profonde est suivie d’une augmentation
du débit du LCR au niveau du IV° ventricule (Schroth 1992; Bouyssou 1985).
L’étude de la cinématique mandibulaire montre que celle-ci s’associe à
l’inspiration pour modifier la circulation intra-crânienne. Lepp (1982) décrit
“les mouvements mandibulaires qui ont le rôle de mettre en action selon les
besoins la pompe musculo-veineuse ptérygoïdienne qui fonctionne en haut de l'espace
parapharyngien antérieur ou préstylien. De cette manière, la pompe paratubaire
peut s'intercaler dans le mécanisme d'écoulement du sang veineux hors de
l'endocrâne et principalement via le sinus canalis ovalis. Ainsi, la citerne
ptérygoïdienne, correspondant à la pars caverna du plexus ptérygoïdien et
elle-même prolongement extra-crânien et transovalaire du sinus caverneux, joue
un rôle important comme station intermédiare d’accélération pour l’écoulement
en retour du sang cérébral (...). On pourrait avec raison considérer la cinématique
mandibulaire conjointement avec le muscle ptérygoïdien latéral comme un
veino-moteur, d'autant plus que les deux ensembles représentent en fait le démarreur
proprement dit pour la mise en marche de l'action de pompage musculo-veineux alterné
de la pars cavernosa du plexus ptérygoïdien. Elle est évidemment particulièrement
efficace lors de l'acte de bâillement isolé ou proprement dit, c'est-à-dire surtout
lorsque la bouche atteint son ouverture maxima. Cependant, répétons-le, le bâillement
lui-même n'est souvent que l'initiation d'une réaction motrice musculo-veineuse
en chaîne, étendue aux membres et à toute la musculature squelettique sous
forme d'ondes toniques propagées en direction rostro-caudale jusqu'au bout des
doigts et des orteils.” Il apparaît ainsi que l’ample inspiration et
l’ouverture de bouche maximale accélère la circulation du LCR. Déjà en 1912, Legendre
et Piéron ont cru mettre en évidence la présence d’un facteur hypnogène dans le
LCR et s’y accumulant pendant la veille.
Cette recherche de facteurs, humoraux et non
neuronaux, inducteurs du sommeil, vieille de près de 100 ans, a fait passer en
revue plus de 50 molécules. Actuellement, une prostaglandine PGD2 agit comme
une hormone d’activité locale, produite par les méninges. Sa fixation sur un
récepteur spécifique est suivie d’une transduction depuis la leptoméninge vers
la parenchyme cérébral en activant la fabrication d’adénosine, celle-ci ayant
un effet inducteur du sommeil au niveau du noyau VLPO de l’hypothalamus
antérieur. Il se peut donc que bâillements et pandiculations, en induisant une
accélération de la clairance de PGD2, réduisent la propension à
l’endormissement (Hayaishi 2005).
Bâillements et pandiculations provoquent, à
l’acmé de l’ample inspiration, une augmentation de la pression
intra-thoracique, suivie d’une dépression rapide, lors de l’expiration qui la
suit. Il en résulte un blocage du retour veineux et lymphatique suivi d’un flux
accéléré. B. Nolman (2006) propose un rôle d’activation de la circulation
lymphatique drainant le canal thoracique vers la veine cave et pouvant ainsi
faire jouer aux bâillements un rôle “immunitaire”. De façon comparable, l’ample
inspiration du bâillement ouvre les alvéoles en atélectasie et participe à
l’étalement du surfactant, comme le fait un soupir. Cela pourrait concourir à
améliorer la fonction ventilatoire. Le bâillement dirigé est ainsi utilisé dans
les suites opératoires en chirurgie thoracique, notamment (Cahill, 1978).
A l’acmé d’un bâillement, l’ouverture de la
trompe d’Eustache aère la caisse du tympan. Associée à l’occlusion palpébrale,
la baisse de l’audition ainsi provoquée, concourt à une brève déconnexion
sensorielle de l’environnement du bâilleur. Lors de pathologies rhino-pharyngées
ou de variations altudinales (montagne, vols aériens), le bâillement constitue
un moyen thérapeutique de reperméabilisation tubaire assurant l’amélioration
des surdités de transmission, inflammatoires ou fonctionnelles (Laskiewicz,
1953; Winther, 2005). Par l’extrême ouverture pharyngo-laryngée, qui
caractérise les bâillements au niveau des voies aériennes supérieures, les
bâillements participent à une forme de relaxation de la musculature pharyngolaryngée,
permettant une reprise de la parole. Cette musculature extrinsèque et intrinsèque
de larynx est particulièrement sensible au stress émotionnel. Son hypercontraction
est le dénominateur commun de toutes les formes de dysphonies et aphonies fonctionnelles
ou psychogènes. Le bâillement est une thérapeutique des surmenages vocaux. Elle
est efficace pour combattre l'élévation excessive du larynx et la constriction
de la glotte qui les caractérisent. Ces surmenages correspondent à un effort
tonico-spastique des muscles du larynx qui provoque son ascension. Le
bâillement ouvre la glotte à son maxima et repositionne le larynx au plus bas
de sa course, réduisant l'effort musculaire. Les professeurs de chant enseignent
à leurs élèves des techniques de bâillements provoqués, forme de relaxation laryngée.
C’est ainsi qu’il n’est pas rare de voir des chanteurs d’opéra bâiller avant
d’entrer en scène (Xu, 1991; Boone, 1993).
Bâillements et pandiculations, acteurs de l’intéroception
et du schéma corporel?
L’école, suivant la tradition aristotélicienne,
apprend aux enfants que nous disposons de cinq sens ou subdivisions sensoriels
principales. Mais il peut être proposé que, réunissant des informations en provenance
d'une diversité des récepteurs, nous bénéficions des informations d’un sixième
sens, l’intéroception, la capacité de percevoir des stimuli sensoriels internes
à notre corps. Le terme intéroception, ou somesthésie végétative, a été proposé
par Sherrington en 1905. En 1749, Buffon, reprenant l’idée de Cardan en 1554,
proposait la volupté comme sixième sens. La volupté n’est-elle pas le résultat
d’une intéroception harmonieuse ? Le monde animal connaît d’autres sens qui
nous sont inconnus: l’électroréception, la magnétoréception, et
l’écholocalisation par ultrasons. Nous nous proposons de montrer comment le
bâillement appartient à l’intéroception et ainsi participe à notre éveil et à
notre schéma corporel.
L’éveil est un état essentiel à la fonction
biologique accomplie par la conscience. Celle-ci nécessite la capacité
d’intégrer des informations sensorielles informant du monde environnant, en
même temps que des sensations du ressenti de notre état physique interne, modulées
par les émotions et la mémoire. Les sensations afférentes en provenance du système
musculo-squelettique convergent par les voies spinothalamiques et spinoréticulaires
vers le thalamus, les noyaux du raphé et de là vers le cortex sensitif pariétal
ascendant. Le thalamus et le PVN participent d’un circuit envoyant et recevant
des influx du locus coeruleus, des noyaux tubéro-mamillaires, toutes structures
responsables des réflexes autonomiques. Les nerfs crâniens trijumeaux (V),
faciaux (VII), pneumogastriques (X) et les racines cervicales C1-C4, moteurs
et/ou sensitifs convoient aussi des somesthésies qui convergent vers le noyau
du tractus solitaire (NTS), interface des informations périphériques, nécessaire
à la stimulation de la réticulée ascendante du tronc cérébral, du locus
coeruleus en particulier, source de l’activation des systèmes d’éveil (qui, très
génériquement, on saurait schématiser comme adrénergique au pont, dopaminergique
aux pédoncules, histaminergique à l’hypothalamus, cholinergique au noyau basifrontal
de Meynert). Le NTS est impliqué dans les trois comportements l’éveil, la satiété
et la sexualité. Les neurones du NTS projettent aussi sur le noyau parabrachial
qui, lui-même, projettent vers de multiples sites du tronc cérébral, du diencéphale,
du thalamus. Mais surtout, ces structures projettent vers le secteur des sensations
viscérales de l’insula, de l’amygdale et du cortex latéro frontal, surtout
droit (Steriade, 2001; Stehberg, 2001, McHaffie, 2005). C’est par ces circuits
qu’une activité homéostasique automatique sous-corticale inconsciente parvient
à fournir des éléments à une représentation consciente. L’intégration
autonomique, somatique et limbique permettre ainsi d’extraire une perception
corporelle, d’où peut émerger une sensation de plaisir.
Il est donc proposé que les variations
d’état du tonus musculaire périphérique antigravifique, transmises par ces
voies, déclenchent bâillements et pandiculations qui, par les puissantes
contractions musculaires, activent les systèmes d’éveil. Le ressenti de
l’activité musculo-squelettique provoque une sensation de bien-être,
d’acutisation de la thymie nécessaire à la représentation du schéma corporel,
lors de l’éveil par exemple, comme le propose la théorie de James-Lange des
émotions. A. Damasio l'a exprimé de façon analogue dans sa “somatic marker hypothesis”.
Echokinésie du Bâillement, théorie de l’esprit
(« Theory of Mind ») et empathie.
Les humains sont des êtres sociaux. Une des
fonctions primordiales de l’encéphale est d'optimiser la capacité d’interagir
avec les autres. Le succès des interactions sociales réside dans la capacité à
comprendre les autres au niveau des actions motrices (intentionnalité), des
perceptions émotionnelles, d’une intégration cognitive-mnésique et comparative
séparant le soi de l’autre (empathie, altruisme), toutes capacités que le
psychologie anglo-saxonne a unifié sous le concept de “the theory of mind” (TOM). Il est connu, depuis toujours, que le
bâillement est “contagieux”; l’éthologie parle de réplication comportementale,
et la neurologie, depuis J-M. Charcot, d’échokinésie. En quoi cette échokinésie
confère aux bâillements une forme de communication sociale non verbale
participant de la TOM et de l’empathie ?
La découverte des neurones miroirs par
Rizzolatti et Gallese (1996) ouvre à une explication des éléments neurophysiologiques
qui concourent dans la TOM. La promotion des compétences exploratrices de
l’environnement, les circonstances physiologiques de la prise de décisions, notamment
en cas d’urgence face à un prédateur, la préparation de l’action en générale, répondent
chez la plupart des vertébrés à l’activation de neurones miroirs dans les aires
corticales motrices. Ils s’activent lors de la perception des mouvements et
d’action de conspécifiques indiquant que la génération de l’action
intentionnelle et l’imagerie mentale de celle-ci partagent les mêmes structures
neuronales. Ainsi, sur un trottoir parisien, l’approche du piéton décelé par un
pigeon déclenche automatiquement l’envol de la troupe dont la majorité n’a pas
eu perception du danger. Résultat de réponses adaptatives sélectionnées par
l’évolution, cet automatisme moteur coopératif valorise la vie en groupe en
terme de sécurité face au prédateurs. L’échokinésie du bâillement ne répond pas
à ce mécanisme, comme l’indique son délai d’apparition et son inconstance. En effet,
n’est sensible à l’échokinésie qu’un individu dans un état mental peu stimulé
(transport en commun), alors qu’un travail intellectuel soutenu le rend
insensible. Schürmann et al.(2005)
ont confirmé, par exploration en IRM fonctionnelle, l’absence d’activation des
neurones miroirs de l’aire de Broca chez l’homme (cortex frontal
postéro-inférieur, généralement de l’hémisphère gauche), lors de l’échokinésie
du bâillement, contrairement à l’observation gestuelle pendant laquelle,
ceux-ci s’activent tant dans l’exécution que dans l’observation d’une activité
motrice (décodage de l’intentionnalité). Ces éléments éthologiques et neurophysiologiques
montrent que l’échokinésie du bâillement n’est pas une imitation motrice.
La reconnaissance visuelle de
l’environnement met en jeu différents circuits neuronaux distinguant les objets
inanimés des êtres vivants (Puce, 2003). La reconnaissance des visages humains
répond à l’activation de neurones, spécifiquement dédiés, au niveau temporal.
La région temporal inférieur (IT) (Afraz, 2006; Leopold, 2006) permet une
identification immédiate d’un visage dans sa globalité, tant pour l’identité
que pour l’expression, en possédant, apparemment, une mémorisation autonome, dont
l'activation n'implique pas l'hippocampe. Le sulcus temporal supérieur (STS)
s’active, lui, spécifiquement lors de perception des mouvements des yeux, de la
bouche, suggérant son implication dans la perception visuelle des émotions.
Schürmann et al. (2005) ont montré
l’activation du STS lors de l’échokinésie du bâillement, de façon automatique
et involontaire, se transmettant vers l’amygdale gauche, le cortex cingulaire
postérieur et le précuneus. Ces structures sont associées à la discrimination
des émotions exprimées par la face humaine et, notamment, dans l’appréciation
de la véracité du ressenti exprimé. Platek et
al. (2003; 2005) ont trouvé une corrélation entre activation des circuits
neuronaux au-delà du STS et traits de personnalités. Les sujets qualifiés
d’empathiques, très sensibles à l’échokinésie du bâillement activent amygdale
et cortex cingulaire, alors que les sujets qualifiés de schizoïdes, insensibles
à la réplication du bâillement, n’activent pas ces structures. L’étude de la
neurophysiologie de l’empathie (Carr, 2003) retrouve une similarité des zones
activées (STS, insula, amygade, cortex cingulaire) à l’exception de l’absence
d’activité des lobes frontaux lors de l’échokinésie du bâillement. Ainsi, il
semble qu’alors que la compréhension de l’intentionnalité (neurones miroirs moteurs),
le partage des émotions (neurones miroirs de l’insula, amygdale et cortex
pariétal droit) nécessitent, pour être décodés, une activation neuronale
commune, action - perception, simultanément à une inhibition frontale
(activation orbito-frontale) inhibitrice de l’extériorisation motrice,
l’échokinésie du bâillement n’a pas la capacité d’être inhibée involontairement
par absence de relais frontaux. Par contre l’activation temporo-pariétale
droite autorise la différenciation entre soi et l’autre, identifiant, au niveau
conscient, le rôle déclencheur du bâillement de l’autre (Decety, 2006).
Anderson (2004) a montré que des chimpanzés bâillaient en regardant des bâillements
de conspécifiques sur une vidéo mais pas en regardant d'autres expressions
faciales. Les chimpanzés seraient donc sensibles comme les humains à
l'échokinésie du bâillement. Bien que l’existence d’une TOM chez le chimpanzé
soit toujours l’objet de controverses (Povinelli, 2003), l’existence d’une
échokinésie des bâillements plaide en faveur d’une théorie de différents
niveaux de TOM, peut-être secondairement à des voies différentes de l’évolution
des capacités cognitives des hominidés. La pathologie psychiatrique humaine
dissèque, elle aussi, de façon comparable, la TOM (Blair, 2005).
Anderson (2003) a aussi mis en évidence que
l’enfant n’était sensible à l’échokinésie du bâillement qu’au cours de la
sixième année de vie, c’est à dire après avoir acquis la capacité de réfléchir
à ce que l’autre pense, à attribuer des états mentaux à autrui (Gergely, 2003).
Un état de maturation cognitive d’ordre fonctionnel est donc nécessaire afin
d’être sensible à l’échokinésie du bâillement.
En résumé, un lien phénoménologique apparaît
entre la capacité à attribuer un état mental à autrui (TOM), base de l’empathie
et l’échokinésie du bâillement. A côté de la hiérarchie neuro-anatomique séparant
la TOM en niveaux sensorimoteurs, émotionnels et cognitifs (Blair, 2005),
l’échokinésie du bâillement autorise une dissociation de la TOM, par son ontogenèse
et sa phylogenèse, en différents niveaux développementaux, sous-tendus par une
activation différenciée de circuits neuronaux spécifiques. L’échokinésie du
bâillement aurait conféré un avantage sélectif, en permettant une
synchronisation efficace des niveaux de vigilance entre les membres d'un groupe
social. Elle participerait d’une forme d'empathie instinctive involontaire,
qualifiable de rudimentaire, probablement apparue tardivement au cours de
l'évolution des hominidés.
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21 DE AGOSTO – CENTENARIO DEL NACIMIENTO DE BRAULIO MOYANO
2006 – CINCUENTENARIO DE LA MUERTE DE CHRISTOFREDO JAKOB – 2006
2006 – CENTENARIO DEL NACIMIENTO DE BRAULIO MOYANO – 2006
2006 – Año de homenaje al Dr. Ramón Carrillo – 2006
en el quincuagésimo aniversario
de su deceso y el centenario de su nacimiento.
Decreto 1558/2005 de la Presidencia de la Nación
Ver debajo las publicaciones
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2006 – A TREINTA AÑOS DE LA PATENTE BRITÁNICA 1.582.301 – 2006
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L'aliénisme en
Argentine : Diego Alcorta (1827) : Dissertation sur la manie... aiguë?
(français)
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Metaphors at odds in conceiving organismal-societal government: The Political Structure of the Brain: Cerebral Localization in Bismarckian Germany
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One of the earliest recorded works in Biological Psychology presents a synthetic system of psychology weaved from positivist philosophy and the principles of physical chemistry
: The Biological Psychology of José Ingenieros, some biographical points, and Wilhelm Ostwald’s (Nobel Prize Chemistry, 1909) Introduction to the 1922 German edition
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Minireview
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